Un calme ravissant tombe sur nous. Il aborde les sens comme la pluie ou la neige. Cette accalmie vogue au-delà du quotidien, des informations bonnes ou mauvaises, du prix de l’or, des téléséries ou des like. L’automne n’a nul besoin de se faire aimer ou non, il fait juste être. Maintenant, je prends le temps de le recevoir.

Les couleurs brûlent trembles, bouleaux, hêtres, saules et autres essences. Nos feuillus s’enflamment. Comment décrire le jaune, le vert, le rouge ou l’orange qui fusionnent dans ce festin de teintes? Comment faire autrement que de s’extasier devant cette fresque?

Silence dans nos têtes. Les appareils sont fermés et la paix, tant souhaitée, arrive dans un moment qui surprend, comme un redoux en octobre. Dans la forêt, il y a cette odeur, semblable à celle suivant les ébats qui embrasent. Ça sent les saisons qui s’aiment alors que l’été s’éloigne avec les monarques, grues, outardes, malards, colibris…

Tous ceux qui le peuvent partent. Nous demeurerons ici… Nous ne sommes pas de ces humains fuyant les cycles pour ne vivre que les temps chauds l’année durant. Nous n’en avons pas les moyens et si peu envie.

Les récoltes, sauvages ou non, rendues par l’argile, le soleil et l’eau, goûtent l’abondance. « Il serait si facile de tous se nourrir ici, grâce à nos champs d’ici avec nos semences d’ici », m’ont lancé des amis un soir autour d’un feu. L’an prochain peut-être… En attendant, le temps a jardiné, pour nous, la saison lumineuse. Nous mettons nos légumes en pots, préparons nos confitures, aménageons un caveau, couvrons le panais de foin et puis, simplement, laissons les souvenirs chauds nous sourire. Nous en aurons bien besoin, d’ici le printemps prochain.

Avançons lentement, dans notre douce forêt où il n’y a que le bruit de la vie. Où l’écho n’est pas transpercé par les coups de feu. Où règne le silence vivant dans les airs, sur la terre, dans les arbres. Ça fait beaucoup de bruit un silence vivant. C‘est criant!

Alors qu’arrive l’hiver! Que viennent le froid, les tempêtes et la nuit que nous attiserons. Que vienne la chute des cours, la crise financière pour apprendre à vivre autrement. Que vienne la tempête solaire, celle qui nous privera de tous nos statuts virtuels et forcera l’échange d’humain à humain. Que vienne quoi que ce soit, ensemble nous sommes prêts! Puis, même si cela ne venait pas, l’hiver sera tout de même.

Ne l’attendons pas…


Auteur/trice