On pourrait dire, avec un peu de présomption, que le vieux palais d’Amos a été l’un des premiers bâtiments de son envergure à près de 500 km à la ronde; l’école Saint-Louis-de-Gonzague à Sudbury (1914) et le palais de justice de Saint-Jérôme (1874) sont plus petits. Au début du siècle passé, il fallait se rendre à Québec pour comparaître à la cour. Un tel voyage pouvait représenter de six mois à un an de salaire pour un ouvrier. Hector Authier, avocat, journaliste, politicien, homme d’affaires, surnommé le père de l’Abitibi, est celui qui fera valoir la nécessité d’un palais de justice à Amos, que l’on construit en 1922.
RÉACTUALISER DES BÂTIMENTS ANCIENS
Les manchettes font état du triste sort réservé au patrimoine bâti du Québec. La recette pour se débarrasser d’un bâtiment embarrassant est simple : on le laisse se détériorer jusqu’à ce qu’il soit déclaré dangereux. Alors que plusieurs bâtiments historiques de grande valeur sont détruits au Québec, la Maison Hector-Authier a elle aussi été confrontée aux fatalités de l’époque. Au début 2000, elle se retrouvait à l’abandon.
Heureusement, en 2004, la ville d’Amos s’en est portée acquéreur et la Corporation du Vieux–Palais et de la Maison Hector–Authier a vu le jour. Cet OBNL s’est donné pour mission de faire vivre les lieux en les mettant au service de la communauté, l’objectif étant de démocratiser la culture en intégrant la jeunesse, les milieux scolaires, et en faisant du Vieux-Palais un milieu familial et de rassemblement. En d’autres mots; que tous s’y retrouvent, autant les amateurs d’art contemporain que les simples curieux.
Depuis, selon Marie-Hélène Lavoie, directrice du Vieux Palais : « Les citoyens se réapproprient le bâtiment simplement en venant y vivre des expériences agréables. Grâce à des activités collectives (visites de groupe, ateliers de peinture ou autre), les gens développent un sentiment de fierté et d’appartenance au bâtiment et éventuellement à son histoire ». Mme Lavoie souligne avec enthousiasme que souvent, des jeunes venus pour apprécier une exposition manifestent un grand intérêt pour les anecdotes de l’ancien palais de justice.
Si les activités interactives et familiales se sont multipliées au Vieux-Palais dans les dernières années, dans les prochains mois, l’équipe souhaite mettre encore plus de l’avant cette volonté de démocratisation du lieu, d’ouverture à l’ensemble de la population et d’accessibilité aux familles, en plus de donner une vitrine aux artistes de la relève. Dans cette optique, dès l’assouplissement des mesures sanitaires, le Vieux–Palais présentera L’art relève, une exposition collective montrant le travail de futurs diplômés en art et d’artistes émergents de la région. Aussi, un atelier de bandes dessinées sera offert les samedis après-midi avec la bédéiste et artiste multidisciplinaire Marie-Ève Guindon, alias Meg.
Le Vieux Palais d’Amos et la Maison Hector-Authier sont de beaux exemples de la richesse humaine cachée dans l’histoire d’un bâtiment. Au siècle passé, des visionnaires ont cru en l’Abitibi, et d’autres aujourd’hui redonnent vie à des repères importants de notre histoire.