Le mercredi 14 juillet avait lieu à la bibliothèque municipale de Rouyn-Noranda la première soirée de la série estivale de Lecture au parc. Petit(e)s et grand(e)s – comme le duo filleule-marraine que nous sommes – ont eu la chance d’entendre Lucie la luciole, lue par nulle autre que la drag queen Phoenix Mockingbird (interprétée par Jeanfrançois Cossette, qui a aussi écrit l’histoire). Depuis plusieurs mois déjà, Phoenix a entrepris une tournée de lectures de contes pour sensibiliser les enfants à la différence. Nous avons profité de l’occasion pour lui poser quelques questions, ainsi qu’à son public.
M. : Marguerite
C. : Caroline
P. : Phoenix
ENTREVUE AVEC PHOENIX
M. Pourquoi as-tu choisi d’être une drag queen?
P. J’ai toujours eu ça en moi, je crois. Je suis aussi comédien dans la vraie vie, et un jour, j’ai vu à la télé Mado Lamotte, une drag queen très connue à Montréal. Et elle me faisait rire! Je me suis dit : Wow! J’essaye ça moi aussi! Je me suis rendu compte que j’avais du talent, puis ça fait 23 ans que je fais ça maintenant.
M. Pourquoi est-ce que tu t’appelles Phoenix?
P. En fait, le premier nom de mon personnage, c’était Perruche, parce que quand je suis sur scène, je parle beaucoup! Au fil du temps, mon personnage est devenu moins clownesque, plus féminin, mon look a changé. J’ai aussi dû prendre une pause pour des raisons de santé. Donc quand je suis revenue sur scène, comme un phénix qui renaît de ses cendres, j’en ai profité pour changer de nom, tout en restant dans les oiseaux.
C. Pourquoi est-ce qu’une drag queen décide de faire des lectures de contes pour enfants?
P. Après 23 ans, je cherchais des façons de me renouveler, et j’ai réalisé que même si les mentalités avaient beaucoup évolué au niveau LGBTQ+, il restait du chemin à faire. Je travaille dans les écoles, et j’ai été témoin de jeunes qui se faisaient agacer encore aujourd’hui. Je me suis dit que ça pourrait être intéressant de commencer à faire de la sensibilisation, mais quand ils sont tout petits. Ne serait-ce que de les mettre en contact avec un personnage drag queen. Parce que le fait que je sois drag queen n’est pas un élément sur lequel j’élabore nécessairement pendant le conte, mais ça peut les amener à se poser des questions, à en discuter.
C. Comment choisis-tu les histoires que tu vas raconter?
P. Je veux qu’elles abordent le thème de la différence, quelle qu’elle soit. Au départ, j’ai été approchée par la Coalition d’aide à la diversité sexuelle de l’Abitibi-Témiscamingue pour faire la lecture de leur conte Être unique, c’est génial! Ce que j’ai accepté avec plaisir. Après, je me suis dit que je pouvais parler de la différence en général. Donc quand je lis un livre sur le sujet et qu’il m’interpelle, je fais la demande de droits d’auteur pour pouvoir en faire la lecture publique. Pendant la pandémie, par contre, les délais de traitement des demandes ont explosé. Comme j’avais une série de spectacles qui s’en venait, j’ai décidé d’écrire un conte moi-même pour arriver dans les temps.
C. Peux-tu nous parler un peu de toute la mise en contexte autour du conte?
P. C’est une prestation assez théâtrale. J’ai fait affaire avec la compagnie de production Chien pas de médaille, dont Stéphanie Cloutier fait partie, celle qui a fait mes illustrations, et Étienne Jacques, avec qui je travaille dans d’autres productions de théâtre. On a mis ça sur pied, on a pensé à un décor, à un espace pour accueillir les enfants. Bon, ici, j’ai pas apporté mes décors, parce que c’est des boîtes avec des livres dedans… on était déjà bien servis à la bibliothèque! Le maquillage, c’est le même que j’utilise depuis des années. Le costume, je l’avais déjà, mais je trouvais qu’il était très approprié. Il me fait penser à Fanfreluche. Il est devenu un peu la signature des contes. Les enfants me reconnaissent avec ce costume. Il y a un logo qui a été fait aussi par Stéphanie.
M. À quoi ressemblent tes spectacles pour adultes?
P. (Rires) Euh, bien, c’est des spectacles qui ont généralement lieu dans des bars. Les gens ont un petit verre dans le nez… et on les fait rire en racontant des blagues, disons, salaces. On parle de sujets qui concernent les personnes de 18 ans et plus.
ON A DEMANDÉ AUX PARENTS…
Pour quelles raisons avez-vous choisi d’amener vos enfants à cette activité?
- Ça fait longtemps que ma fille écoute RuPaul’s avec nous et elle aime beaucoup cet univers-là. Mais elle ne peut jamais aller voir de spectacles de drag parce que ça se passe dans les bars. Là, elle pouvait enfin venir à une petite activité avec une drag queen, même si c’est différent.
- On vient souvent aux contes à la bibliothèque. On trouve ça intéressant que pendant l’été, ce ne soit jamais la même personne qui raconte l’histoire. Ça fait que chaque conte a sa saveur unique.
- Je trouve ça super important de les sensibiliser à la différence, à l’acceptation des autres.
ON A DEMANDÉ AUX ENFANTS…
Qu’est-ce que tu as préféré dans l’activité?
- Phoenix pose des questions.
- L’histoire.
- C’était drôle!
- Les pets!