Primée notamment au Festival des films sur l’art à Montréal et au Fine Art Film Festival de Californie pour son film Habiter le mouvement, on pourrait aisément dire que ce titre est taillé sur mesure pour dépeindre Beatriz Mediavilla, la réalisatrice.
Attirée par la danse, le cinéma, le goût d’ailleurs, cette Rouyn-Norandienne au pas assuré haute perchée sur ses longues jambes est profondément fascinée par le mouvement.
« J’ai toujours été juste sur une patte, plusieurs choses en tête. J’ai besoin d’être ailleurs, besoin de sentir que je vais quelque part », dit-elle.
ACTIOMATA
Sa dernière œuvre, Actiomata, s’inspire des lois de Newton. C’est un défi audacieux et singulier à la fois que d’imager par la danse des principes de physique de Newton! Néanmoins, pour celle dont les deux parents étaient physiciens, on peut dire sans même s’en étonner que la pomme… n’est pas tombée loin de l’arbre.
« Les lois de Newton, Actiomata en latin, représentent ma vision personnelle. C’est comme si ces principes de physique m’avaient permis de mieux comprendre mon corps. Ce sont des lois universelles qui s’appliquent à tout », explique-t-elle.
L’objectif n’est toutefois pas d’en faire un essai scientifique magistral au cinéma, mais bien de traduire et d’étudier les principes de Newton par les mouvements du corps.
« J’ai une fascination pour les corps. Lorsque j’ai été initiée à la danse par Lynn Vaillancourt, j’ai enfin senti que j’avais trouvé mon truc après plusieurs tentatives sportives qui ne fonctionnaient pas du tout. J’aime les aspects d’expression corporelle et artistique de la danse ».
Dans son désir de comprendre le mouvement, Beatriz Mediavilla s’y intéresse de manière universelle et inclusive. On la sent d’ailleurs particulièrement reconnaissante d’avoir pu entrer dans cet univers par l’entremise de Lynn Vaillancourt qui n’a jamais imposé de standards corporels à ses élèves.
« Je n’ai pas connu cette pression. Je sais que c’est encore très présent et que des standards s’imposent par rapport à une abstraction sociale qui ne repose sur aucun fondement : c’est absurde! »
Photo : Dominic Leclerc
SE LAISSER PORTER
Sans parler de hasard ou de concours de circonstances, Beatriz Mediavilla se laisse porter par le courant. Ses projets, qui font flèche de tout bois, naissent au fil de l’eau, et sont le fruit de rencontres sur son chemin. Elle ne défoncera pas la porte pour faire entrer une idée, elle ose plutôt pousser tout doucement une ouverture qui lui permet de déposer une idée germée qui s’épanouit ensuite.
« J’ai plusieurs projets en cours. Je me sens privilégiée de pouvoir faire tout ça ici. C’est très dynamique régionalement en ce moment. À 49 ans, d’avoir cette reconnaissance, je ne me dis pas enfin, mais plutôt merci. Je ne pense pas non plus au prochain. Je n’ai pas de plan de carrière défini, mais de belles synchronicités. »
Que ce soit par le cinéma, avec des films qui voyagent, des écrits qui ont aussi suivi leur chemin, la danse qu’elle n’enseigne plus, mais qui reste là à tournoyer dans son esprit, Beatriz Mediavilla est une femme d’action.
Elle se pose peut-être, quelques fois, fait un arrêt sur image devant un paysage à contempler ou enlacée dans un aéroport au terme d’un voyage qui la ramènera en Espagne où elle se sent chez elle, même sans y avoir habité.
Son œil avisé se posera sur une scène ou une autre dans son film qui, est-il permis de le souhaiter, pourrait se glisser dans la programmation du Festival de cinéma international en Abitibi-Témiscamingue? À tout le moins, poète des scènes juxtaposées, elle signera les capsules du 40e anniversaire de l’événement.