Contrairement aux arts visuels ou à la littérature, il est en général difficile de faire du cinéma tout seul. Quand le bassin de créateurs est restreint et que l’équipement est à peu près inaccessible, quiconque souhaite tourner un film verra ses coûts augmenter et, trop souvent, son espoir décroître… Comment surmonter ces difficultés aux allures de fatalité? Un début de réponse semble se dessiner en Abitibi-Témiscamingue.

 

« Le principal problème qu’on rencontre si on veut tourner en Abitibi-Témiscamingue, analyse le réalisateur Serge Bordeleau, c’est le manque d’équipement accessible pour le tournage et la post production. » Selon lui, on trouve ici des gens compétents, mais qu’on n’a pas les moyens de payer décemment. « Il n’y a pas assez de ressources en production; on doit toucher à tout, ce qui augmente notre charge de travail. »

C’est pourquoi depuis quelques mois, le Valdorien travaille à la mise sur pied d’un organisme qui pourrait soutenir les créateurs dans leurs projets, d’abord en mettant à leur disposition du matériel de tournage et de montage; ensuite en liant ces gens entre eux pour que germent des collaborations, des échanges instructifs, de l’inspiration mutuelle. Il s’agit là d’un simple projet, mais qui a trouvé des échos favorables auprès d’autres réalisateurs de la région, comme en témoignent les quelque 70 membres de la page Facebook de l’Organisme de soutien à la production cinématographique indépendante en Abitibi-Témiscamingue. Préoccupation constante : respecter ce qui existe déjà, rechercher la complémentarité plutôt que le dédoublement.

Un p’tit festival


Autre façon de stimuler le milieu des images en mouvement : la création d’un tout nouveau festival de cinéma, dont la première édition aura lieu à Val-d’Or, en septembre. L’objectif d’un tel événement est de faire une large place aux films réalisés par des gens d’ici à travers le temps, d’amener le cinéma vers le public, et de se servir d’œuvres cinématographiques pour susciter des discussions et des débats. Par ailleurs, un concours de création, impliquant des cinéastes habitant ici ou originaires d’ici, est inclus dans la programmation. « Pour cette première édition, le thème sera Val-d’Or et son histoire, étant donné que c’est le 75e anniversaire de la Ville, explique Serge Bordeleau. Mais on aimerait beaucoup que dès l’an prochain, le festival ait une thématique de portée régionale. La région est trop petite pour qu’on se referme sur Val-d’Or. » Selon lui, l’événement ne causerait pas un dédoublement des festivals existants, dont aucun n’accorde toute son attention aux thématiques sociales traitées par les films et au film comme objet de discussion et de réflexion.


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