Quiconque connaît Yannick St-Amand constaterait un « clash » entre son ancienne vie de musicien et le père de famille qu’il est devenu. Pourtant, ces deux mondes lui vont à ravir. Quand on rentre chez lui, les chances sont bonnes de se faire accueillir par une petite voix timide : « C’est qui, papa? » Décidément, la vie de Yannick St-Amand s’est considérablement modifiée avec les années. Parcours d’un ingénieur de son autodidacte et chevronné. 

 

Yannick St-Amand a grandi à
Macamic, en Abitibi-Ouest. « Bien qu’on m’associe facilement à la guitare, je suis un drummer dans l’âme. Quand j’étais plus jeune, je faisais du air drumming sur du Poison! » dit-il, l’œil espiègle. Ayant fréquenté l’école secondaire Le Séjour, le jeune étudiant motivé passant toutes ses pauses dans le local de musique : « Que ce soit pour 10 minutes, ça valait la peine que je me déplace pour aller rejoindre la batterie. » Tout a commencé avec le groupe death metal Neuraxis, qui se sont déplacés à Macamic pour bénéficier des talents de Yannick : « J’ai tout fait ça dans ma chambre, dans le sous-sol de mes parents, avec un budget de 250 $ pour faire l’album. »

Despised icon
« Aujourd’hui, la vie du studio roule au bout », indique le passionné. Il fut un temps, par contre, où c’était la vie de tournée qui roulait à un rythme effréné. Guitariste pour le groupe Despised Icon, qu’il a quitté en 2006, Yannick a sillonné les routes des Amériques, sans compter les spectacles donnés sur le Vieux Continent : « Avec plus de 250 shows par année, faire 5-6 fois les États, 3-4 fois le Canada, partir en Europe un mois… tu crois difficilement ce qui t’arrive, surtout quand tu sors de la van et que tu te retrouves sur Hollywood Boulevard! » explique-t-il avec amusement. Despised Icon l’a également amené à mixer et réaliser un de leurs albums en Angleterre et un à Boston : « J’ai tout quitté pour la vie de famille… Anyway, c’était ben trop intense! » Intense, dit-il? Tout a fait juste quand on pense que le dernier album de Despised s’est retrouvé 162e sur le Billboard américain. Du jamais vu pour un band underground québécois.

The Northern Studio
L’aventure de Despised Icon s’est transformée en vie de studio, permettant à Yannick et sa conjointe de fonder une famille : « On s’est d’ailleurs retrouvé à Trécesson pour le boulot de ma blonde, mais également pour la grosseur du garage », explique Yannick avec amusement. Les groupes se déplaçant chez Yannick ont leur propre appartement dans le sous-sol. Ils peuvent facilement passer entre 30 et 40 jours au studio pour l’enregistrement. Ce fut d’ailleurs le cas du groupe parisien Upheaval qui a vécu un dépaysement total dans la MRC Abitibi pour vivre l’expérience du Northern Studio. Aujourd’hui, l’ingénieur de son apprécie particulièrement travailler avec les groupes qui débutent, les suivre et constater leur évolution sans avoir la pression d’un label.

L’amoureux du son est un homme modeste, altruiste et extrêmement talentueux. Son parcours est intense, complet et diversifié et celui-ci n’oublie jamais ceux qui l’accompagnent dans sa passion. Cet article est d’ailleurs dédié à son beau-père, M. Denis Beaudoin, qui a perdu récemment son combat contre le cancer : « Cet homme a pris quatre précieux mois de sa vie pour rêver et bâtir mon premier studio. Je lui en suis vraiment reconnaissant… ». Comme le dit si bien Yannick St-Amand, les passionnés ne se calculent pas en heures ou en combien tu gagnes par année. Paroles bien sages et inspirantes de l’homme qui vit de son art en sol témiscabitibien.


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