Chaque mardi, elles se réunissent chez l’une d’entre elles pour «gosser» sur un projet. Chacune se voue à une discipline. Madame Bilodeau tricote une paire de bas de bébé. Madame Lavoie coud des petits carrés de tissu pour les assembler ensuite en courtepointe. Madame Dubé confectionne des colliers et des boucles d’oreilles. Madame Richard prépare méticuleusement un scrapbooking de ses meilleures recettes. Elles ont nommé leur groupe «Les gosseuses».


À quelques rides près, on pourrait se croire au club des fermières ou chez grand-maman qui a invité de vieilles amies. Pourtant, les quatre femmes en fin de vingtaine n’ont rien de vieilles dames aux bigoudis, peppermint et biscuits «thé social». À travers leur projet respectif, elles discutent de leur vie professionnelle, de leurs enfants à naître, de la prochaine compétition de course à pied ou de la prochaine sortie au resto, et se réjouissent de ce moment de création détonnant du style de vie adopté par une grande partie de leur génération.


En cette fin de semaine, «Les gosseuses» élargissent leur groupe pour une retraite créative. Avis à tous les intéressés, on se rassemble et on crée! Il faut dire que le «P’tit brin de paradis» déniché pour l’aventure est plutôt inspirant. À une trentaine de kilomètres de la vie urbaine valdorienne, «Les gosseuses» se retrouvent dans un rustique chalet en bois rond surplombant le lac Simard, dans un paysage digne du film Les Invasions Barbares.


Cependant, personne n’est ici pour mourir. On est là pour donner vie à la créativité. Appréciant la proximité de la forêt, les hommes de l’entourage ont suivi sans se faire prier. À l’intérieur, assis près du feu de foyer, Serge Thibault a étalé ses outils pour sculpter l’intrigant morceau de bois qu’il a commencé à transformer il y a plus de dix ans! Derrière lui, Charles Naud a installé son matériel à dessin sur une table et s’inspire d’une pile de revues pour réaliser une mosaïque de personnages à drôles de tronches.


Chacun adopte ses rituels personnels pour stimuler la créativité. Sur le sol, Charles s’est couché sur le dos, les jambes élevées sur un fauteuil. La scène est d’autant plus farfelue qu’elle se déroule au son d’une musique zen norvégienne de cornes de bouc!

 

Pas d’alcool ou de drogue. Chacun savoure plutôt une nouvelle sorte de thé à différents moments de la journée. Si on rigole des excès passés de certains, les quelques conversations concernent surtout la préoccupation principale du groupe: la création.


À la fin de la retraite créative, Sophie Lavoie, Emilie Tremblay, Isabelle Richard, Anne Bilodeau, Sarah Dubé, Charles Naud et Serge Thibault auront préparé et mangé cinq délicieux repas, dormi deux nuits et fait cinq siestes. Ils auront aussi écouté neuf disques, promené et flatté un chien, tricoté une tuque et une paire de bas de bébé, dessiné sept portraits, réalisé une peinture, cousu trois doudous, coupé cent onze carrés pour une courtepointe, décoré une lampe, confectionné deux chandelles, colorié deux mandalas, inventé six recettes, créé des amitiés et écrit une vraie belle histoire.