Massy Émond est une auteure-compositeure-interprète de La Motte. Cet été, elle a remporté deux prix lors du 31e Festival en Musique de Petite-Vallée : le prix de l’Union des Artistes et celui de la Fondation du Patrimoine Gilles Vigneault. En entrevue, la violoncelliste nous révèle ses impressions suite à son passage à Petite-Vallée ainsi que ses projets futurs. Elle partage aussi avec nous la vision qu’elle a de sa pratique artistique et de son processus de création.
Q : Massy Émond, quelles étaient vos attentes par rapport aux prix avant de les remporter?
R : Le prix de la fondation Gilles Vigneault est un prix que j’espérais secrètement. Il permet d’accéder aux ateliers d’écriture avec Gilles Vigneault.
Q : Que signifie pour vous le fait d’avoir remporté les deux prix?
R : Obtenir des prix lors d’un évènement à l’extérieur de ma région me donne de la visibilité. Cette reconnaissance donne confiance et confère de la crédibilité à notre travail. J’avoue que je préfèrerais ne pas passer par des concours et des vitrines pour obtenir de la reconnaissance, mais cela s’avère être le chemin le plus fréquenté d’avancer dans notre métier.
Q : Charisme et présence, ou encore expressivité et liberté, sont des mots que vos performances sur scène inspirent. Mais de votre point de vue, qu’est ce qui se passe en vous quand vous êtes sur scène?
R : Le dosage d’intensité n’est pas le même sur scène que dans la vie courante. La liberté, je l’acquiers en travaillant la présence. Plus je suis présente, ancrée dans les mots, la musique et le lieu, plus cela peut sembler de la liberté, puisque je n’ai pas peur. Ce n’est pas soi qu’il faut faire passer, mais l’œuvre. En cela, le travail à Petite-Vallée aura été formateur. Marie-Claire Séguin m’a beaucoup aidée à distinguer, précisément, ces instants où l’ego cherche à passer au lieu du propos. Quand j’arrive à m’en tenir au propos, c’est l’œuvre, et non moi, qui réussit à traverser l’espace et les gens, et je suis contente de mon travail.
Q : Aimeriez-vous partager avec nous vos projets futurs?
R : Je travaille présentement à monter mon spectacle long, avec deux musiciens. J’ai également des projets en lien avec le théâtre et la recherche en écologie sonore, qui constitue l’ensemble des sons qui nous entourent et l’influence qu’ils ont sur nous.
Q : Quel type de créatrice êtes-vous?
R : J’ai des outils pour composer. Je travaille avec des couleurs, des mots, des émotions, des formes imposées, etc. Je ne sais pas composer à l’oreille, j’ai besoin de mon instrument, soit la voix, le violoncelle ou le piano. J’ai aussi besoin de discipline pour créer.
Q : Dans votre maxi intitulé « Qui Vive », le thème de la femme semble important? Aimeriez-vous en dire quelque chose? Quel autre thème est important pour vous?
R : Je ne peux pas encore expliquer pourquoi ce thème m’interpelle. Ce que je sais c’est que je suis une femme qui crée, et que cela donne une importance primordiale aux modèles de femmes créatrices et artistes. Je suis aussi très interpelée par la question des femmes en création, la possibilité et la difficulté de créer, ou simplement de sortir du cadre.