MAJED BEN HARIZ
Le Rift annonçait l’hiver dernier que la Biennale Internationale d’Art Miniature (BIAM) reviendrait dans une toute nouvelle formule. Après quelques années difficiles, alors que la pandémie a mis l’événement sur la glace, l’équipe du Rift a transformé la BIAM en un nouvel événement bisannuel intitulé FORÊT.
La codirectrice générale et directrice artistique des arts visuels, Émilie B. Côté, précise que FORÊT est le fruit de réflexions menées à la suite des changements apportés aux pratiques imposées par les bailleurs de fonds des centres d’exposition : « Un ajustement de la formule de la Biennale Internationale d’Art Miniature devait se faire pour répondre aux objectifs du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) et pouvoir maintenir notre financement de base. »

Depuis 2018, plusieurs comités de réflexion se sont rassemblés autour de la Biennale pour remettre en question sa formule, dans un désir de renouvèlement. En 2021, dans le cadre de son 15e anniversaire, le Rift a produit une édition rétrospective, ce qui a permis de regarder tout le chemin parcouru depuis les débuts pour se repositionner pour les années à venir. Un recueil retraçant l’histoire de l’événement a aussi été lancé et est toujours disponible au Rift et dans les bibliothèques de la région. Même si la BIAM a marqué l’histoire et eu une influence considérable dans le milieu culturel, sa petite équipe s’est permis de rêver à un nouvel événement qui saurait répondre aux défis actuels de la région, notamment aux critères qui caractérisent le tissu socioéconomique ou encore écosystémique du Témiscamingue.
L’objectif de FORÊT est donc d’offrir aux artistes une occasion de découvrir un territoire, tout en produisant un événement à l’image du Témiscamingue et qui saura trouver écho auprès de sa population. FORÊT se déroulera en trois volets : une exposition collective en salle, des résidences d’artistes sur le territoire et des ateliers offerts à toute la population.

Selon Émilie, la BIAM est née d’un défi d’éloignement et d’une volonté de rassembler le monde sous un même toit. « Dans les années 1980-1990, les artistes de l’extérieur étaient réticents à venir exposer à Ville-Marie. Le petit format et les envois postaux ont permis de répondre à cet enjeu, en faisant converger les œuvres en provenance de plus d’une vingtaine de pays dans notre région éloignée », dit-elle. Dans le contexte actuel qui a beaucoup évolué depuis la naissance de la BIAM, le Rift est d’avis que les artistes sont à la recherche d’une expérience globale et d’occasions stimulantes de développer leurs pratiques. Les résidences d’artistes en région éloignée sont des occasions en or pour le faire. Toujours selon Émilie, « le Témiscamingue est un terrain de jeu singulier pour les artistes en arts visuels, avec ses forêts luxuriantes et accessibles, ses grands espaces, un lac frontière, sa ruralité, sa résilience, sa population. FORÊT, c’est une rencontre où la nature et la culture sont en fusion et qui nous ramène à l’essence même du Rift : un lieu de diffusion culturel en région éloignée, au cœur de la forêt mixte, sur un territoire peu populeux ». Avec plus de 150 dossiers reçus, il est évident que la proposition a su stimuler la créativité des artistes d’ici et d’ailleurs.
Malgré des ressources financières assez modestes, FORÊT est un premier projet-pilote appelé à se développer dans les prochaines années. Pour la réalisation, la codirectrice est entourée d’une équipe dynamique de bénévoles et d’un conseil d’administration qui se déplaceront sur le territoire pour accompagner les artistes en résidence. Plusieurs collaborations importantes viendront appuyer le projet : l’UQAT, la Coop de l’Arrière-Pays, le Fort Témiscamingue, le parc national d’Opémican, LVL Global, etc.
Émilie précise que « FORÊT va permettre aux artistes d’explorer des terrains de jeux nouveaux et de faire évoluer leurs pratiques artistiques en découvrant le territoire pour le porter et le faire rayonner à travers des œuvres d’art teintées de la poésie du territoire témiscamien ». Sur le plan de l’expression artistique, l’événement sera une occasion pour voir comment la nature inspire les artistes. Dans le même contexte, Émilie affirme que « la présence autochtone qui caractérise le Témiscamingue sera bien présente lors de l’événement FORÊT. Cette présence a façonné notre territoire et nos forêts ». La mise en valeur de cette culture est primordiale, car elle est une source de rassemblement et de connexion pour tous les tissus du Témiscamingue.
Finalement la codirectrice s’attend à ce que l’événement soit rassembleur et valorisant pour tout le territoire en le faisant vivre à l’extérieur, à ce qu’il confirme l’identité témiscamienne à travers les œuvres qui vont en découler et à ce qu’il fasse rayonner le Témiscamingue en accueillant des artistes chez nous. Pour les artistes locaux, c’est un événement porteur de nouvelles occasions de diffusion et de rencontres avec des artistes d’ailleurs. La réussite de cette première édition de FORÊT va ouvrir de nouveaux horizons grâce à des possibilités de participations à l’étranger à l’avenir.