DOMINIQUE ROY
La récente initiative de la Ville de Rouyn-Noranda en matière de toponymie rend hommage à des femmes influentes de son histoire, une démarche qui vise à rééquilibrer la représentation des genres dans les noms de rues et à mettre en lumière les contributions significatives de certaines femmes qui ont marqué le développement des villes jumelles. Selon le conseiller municipal du quartier Rouyn-Sud et président du comité patrimoine et toponymie, Guillaume Beaulieu, « il était temps », a-t-il confié sur les ondes de Radio-Canada, dans le cadre de l’émission Ça vaut le détour.
Pour Guillaume Beaulieu, qui exerce également le métier de conteur professionnel, le caractère historique de ce dossier est digne d’intérêt. Selon lui, la toponymie a le pouvoir d’immortaliser l’histoire et de rendre plus concrètes les caractéristiques fondamentales d’une communauté.
DES FEMMES DE CARACTÈRE
L’idée de ces toponymes féminins est née d’une analyse des noms de rues existants qui a révélé une sous-représentation des femmes, des Autochtones et des communautés culturelles issues de l’immigration. C’est donc dans cette optique que les rues Christine-Cloirec, Élodie-Turcotte et Jeanne-Corbin ont vu le jour à Noranda-Nord… Trois pionnières sélectionnées pour leur force de caractère et leurs contributions significatives.
Christine Cloirec, mieux connue sous le nom de Miss Carey, a ouvert le premier cinéma de Rouyn en 1926, le théâtre Régal, un endroit servant également de salle de classe, de lieu de célébration pour des messes et des mariages et de salle pour les séances du conseil municipal. On y jouait également des pièces de théâtre et des spectacles de variétés. Élodie Turcotte, liée à la famille pionnière Turcotte d’Amos, a été l’une des premières femmes à s’établir de façon permanente à Rouyn. « Famille pionnière à deux endroits… faut le faire », s’étonne Guillaume Beaulieu. Quant à Jeanne Corbin, militante pour la justice sociale, elle a joué un rôle crucial lors de la grève des bûcherons en 1933.
LE CHOIX DE L’EMPLACEMENT
Les rues choisies, situées à Noranda-Nord, étaient auparavant désignées par des lettres, causant de la confusion pour les services d’urgence et les livraisons, explique le conseiller municipal. Le comité patrimoine et toponymie de la ville a donc proposé que les nouveaux noms de rue de ce secteur soient liés à une thématique, soit celle des pionnières de Rouyn-Noranda. « Il y a tout un processus avec plusieurs allers-retours au niveau administratif, notamment avec la Commission de toponymie du Québec et à l’interne de la Ville, tout en n’oubliant pas de tenir compte de l’avis des citoyens impliqués. Du début à la fin du processus, il peut s’écouler environ un an », précise Guillaume Beaulieu.

D’AUTRES POSSIBILITÉS
La section Patrimoine et toponymie du site Web de la Ville de Rouyn-Noranda décrit la démarche à suivre pour toute personne voulant soumettre une proposition de toponyme. Bien que les noms honorifiques soient populaires, Guillaume Beaulieu précise que d’autres types de propositions sont possibles : « Il y aurait aussi de superbes trouvailles à faire au niveau géographique, expressions, [le tout] relié à des moments plus qu’à des gens. »
Enfin, cette initiative louable de nommer des rues de Rouyn-Noranda en l’honneur de femmes influentes envoie un message fort sur l’importance de l’égalité et de la diversité au sein de notre société.