LYDIA BLOUIN

On parle beaucoup des événements ouverts au public, mais peu de ceux qui sont destinés à un groupe « fermé ». J’avais donc envie de vous ouvrir la porte de la première journée du Salon des écrivains, qui ne s’adressait pas à monsieur et madame Tout-le-Monde, mais bien au milieu culturel. Voici une incursion à ce premier Salon des écrivains présenté à la Société des arts Harricana, à Amos, en septembre dernier. Je vous raconte ce que j’ai vécu.

Cette journée a été principalement composée d’une formation marketing sur les réseaux sociaux. Quand je suis arrivée sur place, c’est avec surprise que j’ai regardé autour de moi. Je voyais des auteurs, bien entendu, mais aussi des responsables de maisons d’édition et de bibliothèques, des artistes, des créateurs amateurs, etc. J’oublie probablement beaucoup de gens et certains portaient différents chapeaux, d’ailleurs. En observant cette composition variée, je ne pouvais pas m’empêcher de penser : « Mais comment le formateur va-t-il pouvoir contenter tous ces gens, avec des buts si diversifiés? »

Bertrand Couëtoux, qui a organisé l’événement et avec qui je m’étais déjà entretenue, m’avait pourtant déjà dit que l’atelier était destiné à un large public, pas qu’aux écrivains. J’ai vite réalisé que je prenais la situation à l’envers : il n’était pas question de ce que nous recherchions dans cette formation, mais bien de ce que nous pouvions apporter aux personnes avec qui on souhaitait entrer en communication. Car c’est d’abord ça, la culture : une communication entre la personne qui crée et la personne qui reçoit. Or, comment peut-t-on parler de cette relation entre les destinataires et les créateurs sans qu’il y ait d’échange?

C’était là tout l’intérêt de la formation, qui explique comment amorcer un échange avec le public par l’entremise des réseaux sociaux. Par respect pour notre formateur, Meisam Nemati, et pour son savoir, je ne vous divulguerai pas ses petits secrets, mais je me permets d’avancer cette réflexion qui m’est apparue pendant l’atelier : créer un lien avec le lecteur, c’est sortir de ce monologue où seul l’écrivain qui écrit transmet des idées pour permettre à la personne qui lit de s’exprimer, elle aussi. On tombe alors dans un véritable dialogue, comme au théâtre, et c’est ce qu’on peut réellement appeler une « relation » entre le lecteur et l’écrivain. Ici, il ne faut pas voir le mot marketing comme un moyen de vendre, mais comme un moyen de rejoindre des gens avec son message.

Ça revient exactement à ce que Bertrand m’expliquait : « L’auteur est content de pouvoir vivre de son œuvre, mais en premier lieu, il est content de la partager. » Ces paroles, que j’avais déjà citées dans un article précédent, prennent alors tout leur sens.

C’est ainsi que je me suis prêtée au jeu. Dans cette ambiance intimiste, nous avons commencé par des réflexions personnelles sur nos projets, puis les discussions entre participants et les conseils se sont mises à fuser. Ici aussi, le mot « relation » devenait évident : c’est en travaillant les uns avec les autres que nous pouvions concrètement réfléchir à la manière dont on souhaitait prendre place dans le milieu culturel et auprès de notre public, bien entendu.

Je suis ressortie de l’événement de bonne humeur, me disant que je serais prête à revivre l’expérience. Ah! D’ailleurs, j’ai su entre les lignes qu’un prochain Salon des écrivains est envisagé – mais chut, c’est notre petit secret, de journaliste à lecteur.


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