Le milieu du théâtre de l’Abitibi-Témiscamingue a perdu un des artisans de sa modernisation et de sa professionnalisation. Jo Godefroid est décédé le 16 juin dernier à Puimichel, un petit village des Alpes-de-Haute-Provence en France, où il habitait depuis 1984 après avoir quitté notre région.

Au tournant des années 1970, Jo a joué un rôle déterminant pour mettre en valeur le répertoire québécois dans la programmation des troupes de théâtre régionales de loisirs. Auparavant, c’était le répertoire étranger qui était à l’honneur dans nos compagnies théâtrales, particulièrement le théâtre de boulevard français, les comédies musicales britanniques ou américaines, et le théâtre de l’absurde européen.

À Rouyn-Noranda, Jo Godefroid militait pour fédérer les troupes afin qu’elles mettent en commun le peu de ressources financières et humaines qu’elles avaient. Il a été l’instigateur du regroupement de La Poudrerie, du Mouvement théâtral pour enfants et de la Goudrelle (troupe étudiante du Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue) pour former le Centre dramatique de Rouyn (CDR), en 1971. Ce dernier a connu une activité théâtrale très intense et a conduit à la création de la première compagnie professionnelle en Abitibi-Témiscamingue en 1975, le Théâtre de Par chez nous. Ce dernier n’a malheureusement pas connu une longue carrière, ne créant que deux spectacles.

Cependant, le CDR organisait des ateliers de formation pour les gens de la communauté qui s’intéressaient au théâtre. Durant sa courte existence, il a créé pas moins de neuf spectacles, le dernier étant présenté en 1975. Le CDR était impliqué dans l’organisation d’un festival régional fort couru qui présentait l’ensemble des productions théâtrales de la région, tant celles du milieu scolaire que celles de loisirs faites par des adultes.

Jo Godefroid a contribué à lier la région au milieu associatif national en participant à l’Association québécoise du jeune théâtre (AQJT). Il était très impliqué et avait une vision sociale et politique du théâtre. Selon cette vision, il favorisait le développement d’auteurs et d’autrices d’ici ainsi que la création de leurs textes. Il a appuyé les premiers textes de Jeanne-Mance Delisle. Il a laissé une marque importante en Abitibi-Témiscamingue. Il a contribué à mon insertion dans le milieu théâtral régional, que je n’ai jamais quitté par la suite, et au développement auquel j’ai contribué de diverses façons pendant plus de cinquante ans. Les voies que j’ai empruntées durant mon parcours ont été influencées largement par les valeurs et la vision de développeurs tels Henri Bryselbout, le premier directeur du Théâtre du cuivre, et Jo Godefroid.


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