Dans la légende du colibri, le petit oiseau fait rire de lui par les animaux de la forêt en raison des efforts qu’il déploie pour éteindre un immense incendie. Il effectue des aller-retour incessants d’un point d’eau au brasier en rapportant chaque fois seulement quelques gouttes dans sa bouche. « Je fais ma part! », répond-il, lorsqu’on se moque de sa prétendue naïveté.  

Ce minuscule volatile, qu’on rencontre avec ravissement, atteindrait jusqu’à 90 km/h en plongeon et est le seul oiseau à se déplacer dans tous les sens. S’arrêter sec, se dérober, faire du sur place, tourner autour, prendre du recul… autant de verbes qu’il nous conviendrait d’apprendre à conjuguer. Autant d’actions plus appropriées à notre époque que celle d’accélérer sans y penser. Le vrombissement propre à sa présence résulte d’une soixantaine de battements d’ailes à la seconde. Son cœur bat de cinq à six cents fois à la minute. « C’est une machine! », lanceront les têtes fortes en mécanique. Ben non, c’est tout le contraire, il s’agit d’un être vivant. Comme tout ce qui vit, du lichen à la baleine, il incarne un merveilleux mystère, un mélange d’air, d’eau, de soleil et de terre.  

Il est de ce fragile équilibre qui se déstabilise sous nos regards stupéfaits. Quand nous osons simplement considérer les bouleversements que nous causons… 

Dans la nuit du 27 au 28 février dernier, nous avons été réveillés par un orage. Le tonnerre et une pluie drue en plein hiver! Les records de température tombent les uns après les autres, aussi froidement que les gouttes d’eau pleuvaient au sol à deux heures ce matin-là. Comment peut-on se fermer la gueule par un temps pareil? Impossible pour moi. 

La faible quantité de neige tombée cet hiver n’a pas pu bien protéger les sols agricoles. Les agriculteurs et agricultrices, après un difficile été l’an dernier, anticipent le pire. Bien sûr, le pire n’arrive pas à tout coup, mais si l’agriculture peine à survivre, comment le pourrons-nous? Et avec un si faible couvert neigeux, nos forêts risquent de s’assécher rapidement. Souhaitons-nous de la pluie ce printemps. 

Je ne crois pas que les voitures électriques puissent être la solution à ces problèmes. Elles vont déjà trop vite. Il nous faudrait tout arrêter. « Se débarrasser de tout, pour n’avoir plus rien à perdre! », m’a illustré un ami. Un poète, qui croit, comme moi, qu’ensemble on peut faire des miracles. Ça vaut combien de bitcoins des amis qui rêvent ainsi ces temps-ci?  

Après la crise pandémique, on s’est imaginé que le monde ne serait plus le même. L’humanité comprenait sa vulnérabilité et nous allions nous améliorer. 

Les masques semblent avoir remonté sur nos yeux. Vivement le retour des colibris! 

Anna’s hummingbird. Source : Freepik

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