Alors que les étudiants de la région arrivent à la fin de leur année scolaire et que les citoyennes et citoyens de la région peuvent enfin souhaiter profiter d’un été « normal », l’École d’études autochtones de l’UQAT a tenu du 12 au 14 mai dernier son tout premier séminaire de cartographies autochtones. Organisé en collaboration avec les communautés anicinabek de Pikogan, Lac-Simon et de Kitcisakik, ainsi qu’avec le Conseil de la Nation Atikamekw Nehirowisiw, cet évènement en ligne avait pour but de rassembler et de diffuser des connaissances liées à la cartographie participative autochtone à différents acteurs et actrices de la région et du Québec.
Quand vient le temps de produire une carte, il arrive qu’un écart se creuse entre l’arbitraire du tracé et la complexité du territoire délimité. En effet, portée par certains intérêts, la prétention d’une carte à délimiter et à nommer l’espace peut en venir à oblitérer les représentations que certaines populations se font de celle-ci. Dans le contexte colonial abitibien et plus largement canadien, ce phénomène peut être contrecarré au moyen de la cartographie participative autochtone. En mettant au jour ces autres représentations, la cartographie participative prend soin d’intégrer les perspectives de personnes autochtones, qu’il s’agisse d’universitaires, de jeunes ou d’aînés issus de différents milieux.
Offert en trois jours, le séminaire s’est divisé en quatre axes. Pour lancer l’évènement, le premier axe développé concernait l’enjeu de la négociation et de la protection des territoires ancestraux. Offert le jour même, le deuxième axe portait sur les différentes relations territoriales possibles, ainsi qu’à la manière dont la transmission des savoirs ancestraux s’y effectue. Au lendemain, la journée de séminaire a commencé par le troisième axe qui abordait la manière dont différentes représentations des cartes et différentes conceptions cartographiques jouent un rôle fondamental dans la fondation de récits et de mémoires chez les Autochtones. Pour clôturer ce premier séminaire, le quatrième axe s’est concentré sur la toponymie, soit l’étude des noms attribués aux lieux. L’organisateur et professeur à l’UQAT Benoit Éthier s’est d’ailleurs réjoui de l’importante participation d’acteurs autochtones à ce séminaire. Selon lui, « il arrive trop souvent que la voix des Autochtones ne soit pas assez entendue ».
Questionné à savoir si les personnes n’ayant pas été en mesure de suivre le séminaire pourront prendre connaissance de ce qui a été dit, Benoit Éthier confirme qu’un rapport synthèse des présentations, ainsi que des enregistrements audios de celles-ci devraient éventuellement être accessibles à toutes et à tous. Pour M. Éthier, le recours à de telles recherches participera, il le souhaite, à entretenir ce qu’il définit comme étant le « devoir de mémoire » à porter envers le territoire et les différentes représentations et sensibilités qui l’habitent.