Prendre le temps de s’asseoir. Écouter. Retrouver les souvenirs, réveiller les mémoires. Écouter, enfin, une communauté qui a trop longtemps été oubliée. C’est d’une genèse attentive qu’est né le documentaire Anicinabe, là où les eaux se rencontrent. « Au-delà de la démarche cinématographique, il y avait surtout une démarche sociale », explique la réalisatrice, Sophie Chaffaut.
Toutes les entrevues du film se sont déroulées lentement, comme de longues discussions autour d’un feu. C’était primordial pour toute l’équipe du film que les intervenants qui avaient accepté de se livrer devant la caméra puissent le faire dans un contexte très intime. C’est dans cette optique que la réalisatrice s’est entourée de Geneviève-Marie Le Gresley et Meggan Mathias-Cossette, étudiantes en travail social. Ensemble, elles forment un trio franco-québécois-anicinabe, mais surtout, une équipe de production à l’approche très humaine.
Avant d’ouvrir les caméras sur le tournage, elles s’installaient avec leurs intervenants. Discutaient, rassuraient aussi. Car derrière des entrevues si personnelles se cache un grand travail de mise en confiance. Le film, elles ne le voulaient pas misérabiliste, mais simplement vrai. Avec la vérité belle et la vérité qui fait mal, mais à la différence que cette fois, ce sont les Premières Nations qui témoignent de leurs savoirs, de leur version de l’histoire.
De ce doux procédé ont émergé des entrevues si puissantes que certaines ont eu un effet cathartique sur les humains qui ont témoigné. Leur permettant de libérer des histoires qui n’étaient jamais, ou presque, sorties de leurs maisons.
VOCATION ÉDUCATIVE
« Ils sont tellement oubliés dans notre société, qu’on ne sait même pas qu’ils existent. […] Tout ce qu’on connaît, ce sont les stéréotypes véhiculés par la société », témoigne, à la fin du film, un jeune Montréalais stagiaire dans la communauté autochtone de Kitcisakik.
Cette citation, elle est le moteur derrière le besoin essentiel de créer ce film. Dès les premières étapes de la création, le documentaire portait la mission d’être un outil pédagogique. Car les réalisatrices sont d’avis que c’est en se rapprochant des communautés autochtones, et surtout en les écoutant, que nous améliorerons les relations entre allochtones et autochtones.
Écouter pour se souvenir.
Écouter pour apprendre.
Anicinabe, qui a d’abord été diffusé à Rouyn-Noranda en 2017, est maintenant accessible à tous en ligne depuis le printemps 2021 sur la chaîne YouTube de Sophie C.