Dans le cadre du Prix littéraire des collégiens, c’est avec une joie mitigée que j’ai plongé dans le deuxième roman de Mélissa Grégoire. La couverture me donnait une impression de lourdeur et j’étais réticente à m’immerger dans les thèmes plutôt sombres que reflétait le résumé de ce roman. C’est tout le contraire qui m’attendait dans Une joie sans remède (Leméac).
J’ai été agréablement surprise de me plaire dans cette lecture et de développer une forte empathie pour Marie, le personnage principal. Cette femme souffrant d’anxiété et de dépression se voit forcée de prendre congé du collège où elle enseigne la littérature. Elle réussit à s’accrocher aux beautés discrètes de son environnement, aux liens profonds qui l’unissent à ses grands-mères et à son conjoint ainsi qu’à une passion pour les livres, nous faisant réaliser l’importance de profiter des petits moments qui relèvent du quotidien et qui rendent la vie pleine d’amour et de sens. Grâce à cette volonté de guérir et à une psychothérapie, l’enseignante effectue une démarche pour se redéfinir afin de se sentir heureuse et de partager cette joie par ses forces intérieures, en délaissant la médication.
La plume simple de Mélissa Grégoire m’a happée par sa sincérité. Quand Marie évoque une vision de la littérature tangible et proche du réel, on dirait que c’est l’autrice qui parle : « Écrire, c’était comme aller à la pêche, se laisser glisser sur l’eau dans un soleil ruisselant, lancer sa ligne dans le reflet d’un bouleau ou d’une épinette et attendre que ça morde. » J’ai senti cet aspect fluide, naturel dans le style d’écriture, et surtout très intime. En donnant la parole à Marie qui nous invite à voyager en livrant ses souvenirs et ses réflexions, Grégoire nous laisse le temps de goûter ses mots à un rythme lent. L’histoire est séparée en trois parties correspondant au cheminement émotionnel du personnage : la chute, la remontée et l’équilibre.
Une joie sans remède traite à la fois de thèmes noirs et lumineux. La maladie mentale est abordée sans retenue ni complexes, et la mort est côtoyée de près par la narratrice. En revanche, l’amour précieux qui unit le couple de Marie et celui qui la rattache à ses grands-mères aux histoires simples, mais émouvantes illuminent le roman. Cet équilibre rend le récit réaliste et doux, malgré sa tristesse, comme un baume sur les blessures du quotidien. Finalement, on retient que l’amour est le miracle qui résiste aux heurts de la vie, et que le seul remède pour connaître une véritable joie vient de soi.
Lire les autres critiques sur les finalistes du Prix littéraire des collégiens :
« Se souvenir des blancs de mémoire » – Ténèbre de Paul Kawczak
http://indicebohemien.org/articles/2021/04/se-souvenir-des-blancs-de-memoire#.YJr192ZKg1I
« En mémoire des oubliés » – Le Mammouth de Pierre Samson
http://indicebohemien.org/articles/2021/04/en-memoire-des-oublies#.YJr042ZKg1I
« Chasser pour se trouver » – Chasse à l’homme de Sophie Létourneau
http://indicebohemien.org/articles/2021/04/chasser-pour-se-trouver#.YJr232ZKg1I
« En quête de l’équilibre » – Tireur embusqué de Jean-Pierre Gorkynian
http://indicebohemien.org/articles/2021/04/en-quete-de-lequilibre#.YJr082ZKg1I