C’est l’histoire d’une jeune fille de Rouyn-Noranda, Ariane Giroux-Dallaire, qui découvre le cinéma toute petite parce que son père, Louis Dallaire (cofondateur du FCIAT), lui transmet sa passion. C’est aussi l’histoire d’une jeune femme qui étudie en publicité et qui fait un stage un peu par hasard chez Remstar. Elle y apprend un métier qui ne s’enseigne pas sur les bancs d’école : la distribution. Elle touche à tout, des exemplaires que l’on prépare en laboratoire aux tendances des goûts du public à travers les époques; de la mise en marché des films en salle en passant par la vidéo.

À travers un parcours qui l’amène à être tantôt coordonnatrice à la programmation pour le Festival du Nouveau Cinéma, tantôt responsable de la distribution à l’international de films comme Un crabe dans la tête et La Moitié gauche du frigo, ou directrice des communications chez Les Films Séville, elle développe son réseau de contacts, ses compétences et son talent.

Dans un univers cinématographique sans cesse en mutation, où le travail pour amener le cinéma québécois, canadien et international en salle avec un public pour le voir demande flexibilité, sensibilité et esprit visionnaire, Ariane travaille sans relâche à la promotion de ce cinéma qui nous connecte aux autres et ouvre nos esprits. C’est ce qui, depuis 2017, l’a menée à suivre Charles Tremblay pour démarrer la boîte MK2 MILE END. Leur but : acheter des films en français et en anglais, d’ici et d’ailleurs, pour les distribuer partout à travers le Canada, sans partenariat avec des intermédiaires de Toronto; une norme qui ne fonctionne pas complètement, selon eux. Un pari réussi!

Un des premiers projets québécois arrivés entre leurs mains est Il pleuvait des oiseaux, qui obtient le succès qu’on connaît. Depuis quatre ans, Ariane et Charles distribuent environ 20 films par année, dont Parasite, lauréat de quatre Oscars et qui obtient un succès qui n’arrive qu’une fois dans la vie d’un distributeur (6,4 millions de recettes à travers le Canada). Puis, dernièrement, Portrait de la jeune fille en feu qui avait une très belle lancée avant la pandémie…

Ariane explique : « Ce qui est très intéressant en distribution, c’est que les gens sont passionnés. Il y a de la place et tout est possible. On se forme et on apprend à travers le travail. […] Il faut être curieux. Ce n’est pas un métier ennuyant, mon spectre d’intervention est très large. On travaille dans un milieu où il y a, aujourd’hui, une bonne diversité hommes-femmes. Et on retrouve des femmes dans des postes décisionnels. Je n’ai jamais eu à me battre parce que j’étais une femme. Comme quoi les choses changent! »

Ça devient l’histoire d’une femme qui reçoit, en décembre 2020, le prix du gala Femmes du cinéma, de la télévision et des médias numériques, une reconnaissance des pairs. Recevoir ce prix permet à Ariane de constater tout ce qu’elle a appris depuis ses débuts. Elle est très reconnaissante du temps que les gens ont pris pour l’accompagner dans son apprentissage. À son tour, elle prend le temps qu’il faut avec les stagiaires, pour transmettre son savoir. « On forme une famille internationale avec des agents de ventes qui sont partout et avec qui on partage au moins une passion : le cinéma. C’est toujours intéressant de voir évoluer nos anciens stagiaires. »

Difficile de se prononcer sur l’avenir de cette histoire en ce moment, vu tous les chambardements que l’on vit. Mais Ariane demeure convaincue que les gens continueront d’aller au cinéma. L’expérience de voir un film en salle est unique. Est-ce que cela augmentera la qualité des films en salle? Est-ce que l’on aura plus de diversité? Elle l’espère.

Une chose demeure cependant : son amour pour le septième art et particulièrement le cinéma pour les enfants! C’est aussi son père qui lui a fait découvrir le cinéma d’animation et c’est important pour elle que le public d’ici ait accès à une grande diversité de genre sur les écrans. C’est une priorité pour elle et ses collègues : montrer plus d’œuvres québécoises et étrangères sur les écrans, petits et grands, de nos enfants.


Auteur/trice

Artiste multidisciplinaire et cinéaste indépendante, Béatriz Mediavilla est née en 1972 à Rouyn-Noranda, où elle demeure toujours. Détentrice d’un baccalauréat et d’une maîtrise en études cinématographiques, elle enseigne le cinéma au Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue. Parallèlement, elle a notamment réalisé l’ouvrage collectif multidisciplinaire Ce qu’il en reste : dialogue artistique sur la mort (2009), et a publié Des Espagnols à Palmarolle dans Nouvelles Explorations (2010) et dans Contes, légendes et récits de l’Abitibi-Témiscamingue (2011). Elle a également publié Entre les heures dans Rouyn-Noranda Littéraire (2013). Danse avec elles, son premier long métrage documentaire a connu une belle réception et a été présenté dans différents festivals, entre autres, à Montréal, Québec, Toronto et Vancouver, mais aussi La Havane et New York. Son deuxième long métrage, Habiter le mouvement, un récit en dix chapitres, a aussi été présenté dans plusieurs festivals dans le monde. Il a remporté entre autres, le prix du meilleur documentaire de danse au Fine Art Film Festival en Californie, meilleur long métrage documentaire au Utah dance film festival et le prix de la meilleure oeuvre canadienne au festival International du Film sur l’Art de Montréal. Son plus récent court métrage Axiomata, a aussi été sélectionné dans différents festivals à travers le monde.