Le 13 octobre dernier, le temps a été suspendu. Irréel, voire surréel. Les communautés amossoise et artistique abitibienne perdaient précipitamment Michaël Bédard, 29 ans, dans un accident automobile. Le comédien, improvisateur et auteur ne laissait personne indifférent et était apprécié de ses pairs.
Rencontre avec trois personnes qui ont cheminé avec lui dans ses passions : Bruno Turcotte, directeur général des Productions du Raccourci, Kate Dessureault, directrice générale de la Maison des jeunes d’Amos, où il était animateur, et Mathieu Proulx, directeur artistique de Lalibaba, ligue d’improvisation de la MRC d’Abitibi.
Kate : La Maison des jeunes représentait facilement la moitié de son existence. Dès le début de l’adolescence, il s’y retrouvait comme si c’était sa propre maison. Il s’y est donné corps et âme, bénévolement.
Bruno : J’ai connu Michaël au secondaire, en improvisation théâtrale. Il était très investi dans ses personnages. Parfois taquin, il aimait jouer des tours et tendre des pièges à ses compatriotes de scène. Il était très conscient de l’écriture qui se faisait.
Mathieu : Dans Lalibaba, c’est lui qui a fait comprendre aux joueurs l’importance d’être proches et de faire des activités sociales. Plus on se connaît, plus on se fait confiance. Le show devient meilleur. Il n’avait pas toujours confiance en lui, mais il savait se dépasser. Il a relevé le niveau de jeu.
Bruno : Il voulait jouer, il voulait être sur scène. Il ne demandait pas la permission pour tester des limites et pouvait les transgresser par moment. C’est un gros challenger. Ça pouvait passer pour de l’arrogance, mais c’est ça la compétition. Il était all-in.
Kate : Dans toute sa nonchalance, il était super impliqué, passionné et fougueux. Il ne laissait personne de glace. Tu l’aimais d’amour ou tu le haïssais (rires).
Mathieu : C’est un épais (rires). Il est con, il ne se met pas de barrières ni de limites. Ses personnages étaient assumés, colorés et drôles. Le nombre de décrochages que j’ai eu à cause de son jeu…
Kate : Michaël était une personne hyper charismatique. C’était un être humain qui amenait un être humain à la confidence. Peu importe le milieu, toutes les sortes de jeunes se retrouvaient dans Michaël […] Lorsque la maison des jeunes est passée au feu, Michaël a été l’instigateur de la photo qui a passé sur les médias sociaux où tous les jeunes sont main dans la main devant les vestiges de la MDJ qui a brûlé.
Bruno : Il était coordonnateur de la première saison d’Amos vous raconte son histoire. C’est un gars qui tenait le phare et un coéquipier qui amenait des solutions.
Mathieu : Il a légué le plaisir de jouer. Il disait souvent : « C’est toujours bien de la crisse d’impro. » Des fois, on devient émotif, on a l’impression de ne pas avoir tout donné. On est en joggings devant un public, on n’a pas à se prendre au sérieux. Si on s’amuse, le public s’amuse. Notre mission est accomplie.
Michaël a laissé derrière lui une profonde implication dans son milieu et beaucoup de bons souvenirs pour son entourage. Au revoir, cher ami.