Le feu pogne à l’horizon… Sur les feuilles des arbres lentement privés de lumière, la robe automnale de la forêt se marie à l’arc-en-ciel. Elle passe du vert au jaune, du orange au rouge et à toutes les teintes que son déclin passager permet d’admirer. Puis, le vent souffle les bougies estivales quand la pluie tombe en rafale. Maintenant novembre, nous migrons vers le froid au rythme des mélèzes qui virent au jaune puis perdent leurs épines.
Novembre serait le mois des morts. C’est aussi, au Canada, l’occasion de souligner une tradition vieille d’un siècle. Elle nous propose de porter le coquelicot afin d’honorer la mémoire des soldats morts au service de la patrie. Les élus le portent, les anciens combattants aussi, de même que nombre de personnes fidèles au rituel. La petite fleur rouge, vue un peu partout, se veut un instrument de mémoire collective.
Or, depuis quelques années, un autre coquelicot tente de prendre racine, le coquelicot blanc. Des personnes soucieuses du sort réservé aux civils pendant les guerres en proposent le port. De jeunes militants pacifistes, qui en font la promotion, m’ont appris que, dans une guerre, le nombre de civils tués allait du simple au double de celui des militaires. Ce qui est certain, c’est que dans chaque guerre, des civils meurent, sont blessés et des vies sont à jamais déchirées par la violence meurtrière. Or, nous faisons moins ou pas de cérémonie pour les civils. Leur souvenir n’est pas acquis pour la majorité d’entre nous, notre mémoire allant surtout aux soldats.
La chose est claire : une seule guerre est déjà de trop et les civils font toujours partie des victimes. Des victimes sans défense et sans aucune autre faute que de s’être trouvé sous les bombes, les balles ou d’avoir marché sur une mine antipersonnel. Le groupe Jeune Coop Éveil JÉR-AYA du Témiscamingue s’est procuré les coquelicots blancs auprès de l’organisation montréalaise Échec à la guerre. Il a choisi d’y ajouter une pastille rouge pour intégrer les « victimes militaires » aux « victimes civiles » pour honorer la mémoire de tous ceux et celles qui meurent de la folie guerrière.
La somme approximative des dépenses militaires dans le monde en 2019 aurait été d’environ 1900 milliards de dollars… C’est un chiffre hallucinant. Imaginons le nombre de personnes mortes de faim, de maladies qui auraient pu être sauvées avec pareil montant. Imaginons tout le bien qui pourrait être fait en temps de paix. Imaginons-nous en train d’éteindre le feu…
Vivement le coquelicot blanc!
Pour se procurer des coquelicots blancs, on peut joindre le secrétaire du groupe Coop Éveil JÉR-AYA du Témiscamingue, M. Rénal Dufour, à l’Église Saint-Joseph de Notre-Dame-du-Nord.