Partout dans la région, des enseignantes et enseignants mettent la culture et les arts au centre de leur travail. L’Indice bohémien s’est entretenu avec certains d’entre eux pour échanger sur l’importance de faire vivre des expériences culturelles aux élèves de tous âges.
La plupart cultivent un intérêt pour le domaine culturel depuis longtemps. C’est le cas d’Isabel Saint-Germain, enseignante de mathématiques au secondaire et responsable du théâtre international à la polyvalente Le Carrefour de Val-d’Or, qui résume son enfance ainsi : « On n’est pas nés dans des feuilles de chou chez nous, on est nés dans les feuilles d’un livre. » Très tôt, elle suit des cours de théâtre avec Michel Pilon, qui a aussi donné la piqûre du théâtre à Pascal Binette, après lui avoir enseigné l’art dramatique au secondaire. Pascal enseigne maintenant cette matière à l’École D’Iberville de Rouyn-Noranda.
ICI ET AILLEURS
À l’École Rivière-des-Quinze de Notre-Dame-du-Nord, Dominique Fortin, qui enseigne en art dramatique et en projet personnel d’orientation, souhaite faire de ses élèves des consommateurs d’art informés : « Je les prépare. On ne fait pas une sortie culturelle n’importe comment. […] Je mets beaucoup le spectacle en contexte pour qu’ils sentent qu’ils sont des spectateurs compétents. »
Une de ses priorités est de faire découvrir aux élèves des lieux culturels et des artistes du Témiscamingue. Au cours des journées culturelles qu’elle a organisées au fil des ans, ses élèves de quatrième et cinquième secondaire ont pu visiter les locaux de la radio locale, les coulisses du Théâtre du Rift et la Verrerie de la montagne, entre autres, en plus d’assister à un spectacle : « Il faut qu’ils voient ce qui se passe ici. Tu peux vivre ici si ça te tente. Il y en a des artistes qui gagnent leur vie et qui ont installé leur atelier ici. T’es pas obligé de vivre sur le Plateau Mont-Royal. »
Isabel, elle, voyage avec ses élèves à travers le monde. Sa troupe de théâtre composée d’une dizaine de jeunes motivés et talentueux sélectionnés au terme d’un processus d’audition a représenté le Canada dans des festivals de théâtre francophone en Europe réunissant des jeunes de divers pays. Le bénéfice pour les étudiants est évident pour elle, qui s’efforce par ailleurs de choisir des pièces d’origine québécoise : « C’est tellement riche pour ces jeunes-là d’aller à l’autre bout du monde découvrir des jeunes qui, comme eux, ont la même passion pour le théâtre. C’est riche en émotions […], mais […] en apprentissages aussi. » Elle constate que plusieurs se font des amis à l’étranger et souhaitent y retourner par la suite. Pour Pascal, qui est aussi allé en Europe avec sa troupe de théâtre Les excentrés, les voyages sont l’occasion de s’initier aux traditions théâtrales étrangères en assistant à des productions locales.
ACCESSIBILITÉ DES ARTS: DES IMPACTS CONCRETS
À La Sarre, Marie-Ève Lacroix et Robert Brassard enseignent respectivement au primaire et en adaptation scolaire. Pour eux, le lien à établir avec l’univers culturel est rendu évident par la proximité du Centre d’art de La Sarre, à côté de leur école. Avec cet établissement, ils enchaînent projets et ateliers artistiques. Une année où le Salon du livre de l’Abitibi-Témiscamingue s’est arrêté à La Sarre, les élèves ont créé des oriflammes inspirées de leurs coups de cœur littéraires pour ensuite les présenter aux auteurs concernés lors d’un vernissage à la bibliothèque de leur école. Dans les dernières années, ils ont aussi créé, avec des artistes régionaux, des croques-livres dispersés dans la ville. Pour Marie-Ève, ce genre d’expérience enseigne aux élèves que « l’art et la culture, ce n’est pas si compliqué que ça, ça peut exister dans la vie de tous les jours ».
Marie-Ève et Robert se réjouissent de constater l’impact de leur démarche sur les élèves. Robert remarque que les visites culturelles et les rencontres artistiques rendent les élèves plus créatifs et intéressés. ll arrive souvent qu’un élève, après avoir visité une exposition, se réjouisse d’avoir réussi à y retourner avec son parent. Pascal, lui, a la chance de voir plusieurs anciens élèves se lancer dans le domaine du théâtre. C’est le cas de l’une d’elles qui, l’an dernier, a fait son stage 4 en enseignement de l’art dramatique à ses côtés.
Par son enseignement en projet personnel d’orientation, Dominique s’efforce aussi de montrer que la culture peut être un choix de carrière. « C’est quelque chose que j’intègre beaucoup dans mes cours d’art dramatique, de leur parler des métiers de la culture […], ce sont des métiers qui sont souvent dans l’ombre et nous au Témiscamingue, on en a peu. C’est difficile d’imaginer un travail qu’on ne voit pas. »
Si la COVID plonge cette année plusieurs de ces professeurs dans l’incertitude quant aux projets avec les élèves, ils sauront assurément continuer de leur transmettre leur passion, de quelque façon que ce soit.