Les élèves de la région de l’Abitibi-Témiscamingue bénéficient, comme tous les élèves de la province, des mesures mises en place par le gouvernement du Québec pour participer à un minimum de deux sorties culturelles par année, et ce, gratuitement. Concrètement, le ministère de la Culture et des Communications (MCC) verse une subvention aux commissions scolaires qui, à leur tour, répartissent des allocations aux écoles pour qu’elles organisent des sorties culturelles au profit de leurs élèves du préscolaire, du primaire et du secondaire.
Pour s’assurer de la qualité des activités proposées aux élèves, le MCC a mis sur pied la plateforme numérique Répertoire culture-éducation, qui recense les différents organismes, artistes et auteurs habilités à offrir des sorties culturelles. Dans notre région, 90 organismes et artistes sont répertoriés. Leur sélection est basée sur l’approche qu’ils proposent. En effet, l’un des critères consiste à inscrire l’activité dans une perspective éducative pour qu’elle soit porteuse d’apprentissages pour les élèves.
L’EXEMPLE DU MUSÉE D’ART
Par exemple, à Rouyn-Noranda, le MA, musée d’art a mis sur pied un programme éducatif en lien avec ses expositions. Pour ce faire, il a ciblé des axes de compétence établis par le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur dans le Programme de formation de l’école québécoise à partir desquels il a développé ses activités. Celles-ci sont élaborées en fonction du groupe d’âge des élèves.
Plus d’un millier d’élèves fréquentent le MA, musée d’art dans le cadre de ce programme éducatif. Les retombées sont remarquables chez les enfants, car la plupart d’entre eux reviennent au musée de leur plein gré avec leurs parents. Compte tenu des capacités d’accueil limitées du musée, des activités sont organisées en partenariat avec la bibliothèque municipale. Cela permet aux élèves de fréquenter deux lieux culturels à l’occasion d’une sortie.
UN PROGRAMME BÉNÉFIQUE POUR TOUT LE MONDE
Ce programme visant à exposer les élèves à différentes pratiques culturelles nous semble intéressant à plus d’un titre. D’une part, il favorise le développement et le soutien des acteurs culturels de la région. En effet, il permet aux organismes culturels, aux artistes et auteurs de la région de rencontrer un jeune public et de s’assurer d’une forme de relève. De plus, il contribue à la formation des élèves en les confrontant à la culture.
Prise dans en sens large, la culture couvre toutes les manifestations d’humanité. Il s’agit donc d’un terreau de référents de toutes sortes pouvant être mobilisé pour former les élèves et les amener à réfléchir. Il est en ce sens nécessaire d’établir des critères rigoureux pour la sélection des référents culturels auxquels les élèves seront confrontés. En effet, dans une approche culturelle de l’éducation, il s’agit d’accompagner l’élève pour l’aider à passer d’une culture première à une culture seconde réfléchie et incarnée dans des œuvres artistiques, littéraires, théâtrales, etc. L’élève assimile la culture première dans des interactions symboliques quotidiennes. Son exposition à la culture seconde doit l’aider à réfléchir à sa culture première pour lui donner du sens. Ainsi, la culture est envisagée comme un continuum plutôt qu’une rupture entre les pratiques culturelles quotidiennes de l’élève et les pratiques culturelles avec lesquelles on veut le familiariser. En d’autres termes, dans l’approche culturelle, on part du connu pour aller vers l’inconnu. Par exemple, la chasse aux Pokémon fait partie de la culture première de la plupart des enfants. Une exposition qui les amènerait à réfléchir à cette pratique et à lui donner du sens représenterait une passerelle vers la culture seconde.
Envisagée sous cet angle, la culture enrichit la vision du monde des élèves. En effet, l’exposition à un large éventail de productions artistiques et culturelles favorise le développement de leur curiosité et enrichit leur connaissance du monde. Elle leur permet également d’ouvrir leurs horizons en partant de leurs propres pratiques culturelles (jeux vidéo, Pokémon, Occupation double, etc.) pour aller vers une prise de distance et une réflexion sur celles-ci grâce à la médiation d’une pièce de théâtre, de la lecture d’un poème, d’une visite au musée, etc. Elle les amène à s’ouvrir à d’autres cultures, à comprendre le monde dans lequel ils vivent et à prendre conscience de leur place dans ce monde-là. Cette approche intégratrice de la culture première de l’élève représente d’ailleurs une façon pour l’école de se renouveler et de devenir signifiante pour les élèves, car elle n’est plus la dépositaire de la culture depuis longtemps. Du moins depuis sa massification.