Une affiche par-ci et une autre par-là! Tous les jours, tant à la maison que dans la rue, survient un bombardement de publicités et de slogans à tout vent, à un point tel qu’on ne le remarque presque plus. Dans le milieu de la promotion de spectacles musicaux, l’affiche publicitaire est l’outil par excellence.

L’exemple des Productions Ça Bûche, qui organisent des shows métal à Rouyn-Noranda, illustre l’importance de l’art graphique dans la promotion d’événements. La promotrice Geneviève Dumont nous explique la place qu’occupe l’esthétique dans les affiches dans l’univers de la musique métal.

Bien entendu, il s’agit avant tout de construire un encadré publicitaire à l’aspect visuel accrocheur qui regroupe les renseignements dont le spectateur a besoin. Mais c’est sans compter que les amateurs de musique métal sont friands de graphisme décoratif. Les affiches des Productions Ça Bûche sont collectionnées par de nombreux adeptes, qui se donnent pour mission d’en ramener une après chaque spectacle. Plusieurs en tapissent les murs de leur appartement et les locaux de répétition des musiciens en débordent. Ceci constitue une forme de musée personnalisé où sont mis en évidence les spectacles qui marquent une vie de mélomane.

L’affiche du spectacle de la formation montréalaise The Agonist présenté à Rouyn-Noranda le 7 novembre 2015 illustre bien la spécificité de cet esthétisme. À la différence de bien des affiches de spectacles, celles du milieu métal impliquent clairement le logo du groupe. C’est une pièce identitaire importante pour les artistes. Les couleurs utilisées sont inspirées de la pochette du dernier album du groupe. Les thématiques esthétiques de ce genre sont nombreuses et font partie du langage publicitaire des promoteurs métal dans le monde entier.

Geneviève construit les affiches de ses spectacles depuis une quinzaine d’années et explique l’importance de travailler cet élément promotionnel. « Tout était là, mais ça manquait de clarté et de définition. Je travaillais avec des graphistes et elles m’ont conseillé des approches esthétiques nouvelles que j’ai appliquées aussitôt. » Pour elle, le défi est de faire en sorte qu’une affiche se démarque des précédentes tout en ayant une signature graphique définie. C’est un processus semblable à l’écriture de chansons, mais cette fois, il s’agit d’images agencées qui doivent à la fois informer, bien paraître et convaincre.

« La création de l’affiche varie selon l’ambiance de la musique, la popularité des membres du groupe et la richesse du graphisme des pochettes d’albums connues. J’ai toujours le même cadre informatif aux mêmes endroits afin de créer des repères faciles. » Cette forme d’art mineur se propage sur la toile et il n’est par ailleurs pas rare que des gens d’autres pays commentent positivement la qualité graphique des affiches créées pour les spectacles métal d’ici.

« Je dois également créer en fonction de l’affichage de rue. Le métalleux habitué à nos shows et qui se balade en auto sur l’avenue Principale, il va voir au loin une affiche d’un show métal local, sans pouvoir la lire. Ça lui annonce qu’il y a un nouveau spectacle au menu. Il va sur notre page Web et là, il voit les détails », explique Geneviève Dumont.

Elle rappelle que chez KeepHope Productions, une autre agence de promotion qui travaille dans la musique punk et ska, la graphiste Édith Boucher a un talent marqué pour ce type de travail spécialisé. « Comme ça, souligne-t-elle, les gens qui suivent les événements de la scène underground de Rouyn-Noranda savent reconnaître les affiches de tel ou tel style de métal ou de punk par un simple coup d’œil. »

C’est une forme d’art codifié pour mélomanes avertis. Exposer officiellement ces centaines d’affiches locales qui retracent plus de 30 ans de musique underground serait une belle initiative. Un nouveau public curieux se mêlerait aux habitués pour assister à un croisement entre l’art et la publicité.


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