Les cinq textes sur le Prix littéraire des collégiens ont été rédigés par des étudiants du programme Arts, lettres et communications du Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue, sous la supervision de madame Stéphanie Hébert.
Auteure uruguayenne immigrée au Canada à l’âge de 15 ans, Lula Carballo se montre fascinée par la culture, la littérature et la langue québécoises. C’est d’ailleurs en français qu’elle écrit Créatures du hasard, une autofiction dans laquelle elle tente de représenter aussi fidèlement que possible son pays d’origine et ses mœurs. Elle y rend hommage à sa grand-mère, femme excentrique et flamboyante qui l’a marquée et à qui elle dédie ce premier roman.
Celui-ci, qui se déroule dans les années 1990 donne la parole à une fillette de 9 ans d’un quartier populaire qui raconte sa vie et celle du groupe de femmes marginales qui l’entoure. Exclue de leurs activités, la petite les observe et les imite alors qu’elles sont aux prises avec des problèmes de jeux. Le roman aborde principalement le hasard, la famille, la misère, ainsi qu’une forme de féminisme. En effet, le rapport qu’entretiennent ces femmes avec les jeux de hasard nuit à leurs relations entre elles. Elles sont décrites en tant que sujets actifs du récit. L’auteure se montre ainsi féministe en mettant en évidence les femmes de son pays, exemplaires ou non.
L’ouvrage constitue une suite de fragments où chaque chapitre représente un souvenir tiré du journal intime de la narratrice enfant, dont le style est simple, minimaliste : « À l’heure de la sieste, il m’est strictement interdit de briser le silence. Je dois marcher sur la pointe des pieds et prévoir des déguisements en cas d’ennui extrême. » Les souvenirs, illustrés par des photos, sont présentés dans un ordre évoquant également le hasard.
Certains pourraient penser que la succession d’anecdotes rend le récit trop rapide et nuit à l’attachement aux personnages. Pour ma part, j’ai trouvé cette idée intéressante, bien que trop facile en apparence. Dans ce roman succinct, chaque élément ne me semblait pas assez élaboré. Toutefois, la façon naïve de raconter rend la lecture légère et amusante. On ne peut nier non plus la beauté du style de l’auteure. L’univers inhabituel qu’elle décrit saura donc charmer les lecteurs, tant la voix de la narratrice, crue et parfois tordue, s’avère profondément singulière.