Un peu de coq à l’âne pour parler des poissons, des arbres, des insectes, des humains… et de leur environnement. Il nous faudrait cinq planètes pour répondre à toutes nos exigences. S’il nous est impossible de respecter la Terre, de respecter la vie qui la peuple, comment pourrons-nous donner aux enfants ce que nous n’avons plus, parce que nous aurons perdu le combat de la survie, face à notre boulimie? Un peu de retenue serait bienvenue, même si cela nous coupait de fruits exotiques à longueur d’année.

La vie sur Terre doit être une préoccupation constante; la forêt n’est pas que du bois de construction, elle abrite la vie, de la grenouille au caribou, des insectes aux poissons. Elle est la mère de l’eau claire, de l’air pur, du bonheur brut. La biodiversité menacée et le climat déréglé sont trop souvent examinés à la lorgnette du transitoire et des technologies à bonifier, qui permettront de faire des profits pour un bon moment encore. Il existe pourtant d’autres façons de faire, mais nos systèmes politiques fonctionnant par cycles de quatre ans semblent incompatibles avec ces solutions qui demandent du temps pour faire leurs preuves.

Par exemple, en 1990, dans le cadre d’un colloque abitibien sur le sac vert, l’idée d’utiliser la ligne de chemin de fer du nord au sud afin d’apporter le recyclage à Senneterre où il serait traité avant d’être envoyé vers les grands marchés avait été évoquée. Bien qu’elle ait fait l’unanimité, cette proposition qui aurait permis de traiter le recyclage à même le territoire et de manière moins polluante est restée sans suite, pour des raisons politiques qui n’étaient pas du ressort des citoyens.

Dans un autre ordre d’idées, nous n’utilisons que 10 % de l’or extrait des mines, ce qui signifie que nous pourrions en fermer 9 sur 10 de manière à éviter 90 % des dégâts causés par cette industrie. Cela permettrait d’ailleurs de léguer aux générations futures un peu des ressources de ce pays. Il est ici question de développement responsable, évidemment.

Malheureusement, il n’y a que les crises majeures pour nous faire entendre raison. À la suite d’un cataclysme, les gens se parlent, se viennent en aide. Entretemps, nous sentons la menace du mur qui se lève et nous optons pour le suicidaire réflexe d’accélérer la cadence. Pouvons-nous imaginer à quel point la proposition de vider une mine en un jour pourrait intéresser d’investisseurs? La concrétisation de cette idée folle ferait la preuve que la supposée création d’emplois n’existe que pour rendre socialement acceptable n’importe quel projet.

Devant cette réalité, le constat qui s’impose pour Henri Jacob est que l’action citoyenne est essentielle : « Même si les défis semblent insurmontables, nous avons le devoir de nous engager. Nos actions ne sont peut-être que des grains de sable, mais plus il y en aura dans l’engrenage de la surconsommation, plus elle grincera et finira par s’enrayer. Seule l’action peut changer le cours des choses. »

Le contenu de ce texte est tiré d’un échange entre l’auteur et le militant écologiste Henri Jacob.


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