Juste avant le début de la soirée, j’ai eu la chance de rencontrer Gabrielle, cette jeune femme native de l’Abitibi qui écrit des histoires depuis l’âge de 5 ans. Aussi, du plus loin qu’elle se souvienne, elle a toujours chanté avec ses parents. Son père, originaire du Honduras, lui a légué entre autres une berceuse. Elle a magnifiquement clôturé sa performance en nous livrant ce souvenir d’enfant en espagnol. Un des nombreux moments touchants de la soirée.
Accompagnée de son premier professeur de chant, Gabrielle se réchauffe la voix avant de monter sur scène. C’est avec empressement qu’elle me présente Yves Bouchard qui, pour l’occasion, l’accompagne au piano. Ils se préparent sérieusement depuis plusieurs semaines. Gabrielle se dit très fébrile et heureuse de dévoiler enfin le fruit de leur travail au public ainsi qu’à ses proches qui s’installent confortablement, dans l’intimité du sous-sol du Petit Théâtre. C’est un endroit que Gabrielle connaît bien, elle qui participe avec grand bonheur à Ma Noranda depuis maintenant quelques années. Certains l’auront peut-être reconnu dans son rôle de jeune bougonne.
Lorsqu’il est question de théâtre et de performances, elle se sent comme un poisson dans l’eau. Elle s’amuse beaucoup et aime surprendre les spectateurs. Ses nombreuses expériences de scène lui ont donné confiance. Gabrielle a entre autres participé à Secondaire en spectacle. Et même si elle a performé souvent publiquement durant son année d’étude à l’École nationale de la chanson à Granby, la soirée qui l’attend représente une première. Elle se considère très privilégiée de vivre ces moments. Son spectacle se veut théâtral, me dit-elle avec un grand sourire. Il contient non seulement des chansons originales, mais des textes tout aussi personnels.
Sa voix de soprano, elle la travaille assidument depuis plus de 10 ans. Yves se souvient comme sa jeune élève était impressionnante quand elle chantait Stone, le monde est stone. Une enfant intense à cette époque qui est devenue une jeune femme déterminée et pleine de vivacité. Les chansons pop écrites par Plamondon l’inspirent énormément. De plus, Gabrielle dit adorer les changements fréquents de rythmes dans ses chansons. Elle aime aussi intégrer à ses paroles du chant guttural.
Son ancien professeur de chant m’a d’ailleurs confié que c’était tout un défi de l’accompagner au piano. Les nombreuses mesures irrégulières présentes dans ses chansons démontrent bien, selon lui, son amour de la musique et des sonorités, mais aussi son sens du défi. Dans cet ordre d’idées, ce n’est peut-être surprenant de savoir que Gabrielle aspire à des études en sciences politiques ainsi qu’en études féministes. Gabrielle s’est emparée de nous pour nous réchauffer et nous faire découvrir son univers profond et délicat.
Le public était déjà comblé à la fin de cette première partie quand le trio de la soirée est monté sur scène. Coco Méliès, le magnifique duo, et son acolyte sont arrivés à Rouyn dans le froid glacial. Le vent soufflait, les rues étaient désertes ou presque. À mon arrivée au Petit Théâtre, il y avait une petite voiture rouge et un gars qui fumait devant la porte. Nous avons bien rigolé en regardant nos deux voitures en alternance. La mienne, stationnée en diagonale, et la sienne, en parallèle! La soirée commençait bien avec cette rencontre du troisième type. Les voyages sont formateurs. Leur tournée abitibienne s’est terminée dans une atmosphère chaleureuse. L’ambiance était à la légèreté et à la rigolade. Francesca et David adorent partager leur passion pour la musique et les chansons. Pour l’occasion, ils étaient accompagnés de Julien, sa mandoline à la main, fraîchement débarqué du Festival de la chanson de Granby. Quand nous les avons rencontrés dans la loge en début de soirée, ils étaient d’accord pour dire que c’était un honneur et un plaisir partagés d’être ensemble en spectacle dans de petites salles qui permettent de se livrer intimement.
Les spectateurs ont été enchantés de leur fin de soirée, en passant par la corde pétée, les pauses mouchoir obligatoires, les claquements de doigts, les coups de talons rythmés, les regards complices. L’album Ligthhouse que présentait le duo Coco Méliès a été écrit sur la route alors qu’ils ont parcouru une partie de l’Europe entre Berlin, Amsterdam, Bruxelles.