Isabelle Kirouac Massicotte, jeune auteure originaire de Val-d’Or et chercheure postdoctorale à lʼUniversité de Moncton, nous arrive avec ce livre publié chez l’éditeur franco-ontarien Prise de parole. Des mines littéraires : l’imaginaire minier dans les littératures de l’Abitibi et du Nord de l’Ontario reste avant tout un ouvrage universitaire, mais qui plaira au lecteur curieux, amateur d’histoire et de littérature. C’est aussi une lecture pour l’Abitibien qui cherche à en apprendre davantage sur sa propre culture.
Dès qu’on commence à tourner les pages, on découvre un imaginaire littéraire qui (pour une fois) parle de nous et de notre rapport avec l’univers minier. L’auteure construit habilement son analyse autour d’œuvres d’auteurs francophones du nord de l’Ontario et de l’Abitibi. On aime voir les similitudes littéraires qui transcendent la frontière de l’Ontario et du Québec. À ces œuvres s’ajoutent différents textes sociologiques, poétiques et journalistiques qui enrichissent la lecture et nous aident à creuser la question : comment est imaginé le territoire minier que nous habitons?
L’auteure nous fait comprendre que la littérature fait tomber les frontières. L’espace minier, c’est la Faille de Cadillac, à la fois sale et emplie d’espoir, qui a plus de points en commun avec les villes minières mythiques du Yukon et de l’Alaska, qu’avec le reste du Québec. C’est aussi la ville désertée lorsque la compagnie a terminé l’exploitation. On comprend comment la nordicité du territoire pénètre la littérature et le désir constant de repousser les frontières vers un autre gisement.
L’auteure fait également découvrir les personnages qui peuplent la littérature minière abitibienne et ontarienne; le travailleur endurci, le prospecteur aventurier, l’immigrant qui espère une vie meilleure que ce que peut lui offrir l’Europe de l’Est. Ces portraits sont si bien réalisés que l’on confond littérature et réalité, et qu’on trouve un peu de nous dans ces personnages. On comprend également la dureté cet univers teinté de virilité, parfois nécessaire, parfois toxique, qui relègue la femme à un rôle… difficile.
En bref, Isabelle Kirouac Massicotte fait un magnifique travail de documentation des œuvres littéraires qui ont imaginé le Nord ontarien et l’Abitibi. On se surprend à découvrir au travers de ces fictions des vérités nouvelles sur le territoire que nous habitons.