Il y aura des élections au Québec cet automne. Grosse nouvelle, me direz-vous, sarcastiques.

Et vous me parlerez aussi de Poutine, de Trump et des élections américaines sous influence russe; de Cambridge Analytica, des algorithmes de Facebook qui connaissent votre profil politique mieux que vous-même; de Justin Trudeau qui se dessaisit de son engagement à réformer le mode de scrutin canadien; vous me direz finalement que les élections, c’est de l’eau de boudin. Je vous donnerai raison. J’ajouterai même à vos constats que nos régions déflaboxées ne font plus le poids en démocratie électorale. Le poids de la tomme de brebis du fromager du village ne pèse pas lourd dans la balance du pouvoir.

Alors, la démocratie électorale vaut-elle encore la peine d’être célébrée aux quatre ans? 

Faut croire que oui. Pour certains. Car à l’autre bout du spectre, d’autres populations comme celle du Zimbabwe célèbrent leur droit de vote retrouvé et s’investissent pour remplacer le dictateur Mugabe. La presse occidentale scrute le taux de participation record des électeurs de ce pays d’Afrique alors que nous abdiquons joyeusement à utiliser notre droit de vote et laissons s’installer chez nous des gouvernements avec des majorités absolues et des pourcentages de vote d’autour de 40 %, et ce, sans broncher! 

Le concept « un homme, un vote » est-il kaput? Au fait, d’où vient-elle, cette notion?

C’est pour contrer l’influence des despotes qui tentaient de régenter la vie publique et économique dans la cité d’Athènes que les Grecs de l’Antiquité ont conçu le principe de confier à chaque personne habilitée le soin de choisir les représentants du peuple. Il est intéressant de noter que les anciens Grecs avaient instauré la participation citoyenne comme un devoir. Les assemblées citoyennes adoptaient les lois. On dédommageait même les ruraux pour qu’ils abandonnent la charrue au champ et viennent débattre de projets d’avenir avec les gens de la mer et les urbains qui avaient tous une représentativité formelle.

La démocratie représentative des Athéniens reconnaissait la juste valeur de la tomme de brebis. 

Loin de moi l’idée de prétendre que la démocratie à la grecque était parfaite. Mais convenons-en, on est mûrs pour une conversation sérieuse sur la représentativité de nos élus et sur la légitimité de leurs actions. La démocratie élective nous a mis dans une logique de développement bancale. Les lobbyistes accèdent directement aux parlementaires que nous avons élus, lesquels, bride sur le cou, décident du sort des régions dites « ressources ». Et ça nous limite au spectre suivant : l’idéologie « extractiviste capitaliste » ou à l’opposé, « l’environnementalisme super-végane ». 

C’est ça le gouvernement responsable. Responsable de tout, pendant quatre ans. La prochaine fois, on se parlera de gouvernement redevable et on recalculera le poids de la tomme de brebis, d’ac?

CONTENU AUGMENTÉ – PAR FÉLIX B. DESFOSSÉS

Même s’ils sont les pères du punk rock, les Ramones de New York n’ont enregistré presque aucune chanson à teneur politique, mis à part Bonzo goes to Bitburg. La chanson « dénonce la visite du président des États-Unis Ronald Reagan au cimetière allemand de Bitburg, où des soldats nazis ayant fait partie des Waffen-SS étaient enterrés », nous informe Wikipédia. Le message est d’autant plus universel : Joey Ramone demande à la classe politique d’écouter le peuple et de cesser de se cacher derrière des façades politiques. Il dit souhaiter que le temps passe rapidement générant un renouveau politique, mais défaitiste, il se désole de constater que certains politiciens arrivent malgré tout à se faire réélire.

« If there’s one thing that makes me sick, it’s when someone tries to hide behind politics. I wish that time could go by fast, but somehow they manage to make it last. »


Auteur/trice