Dans un monde de plus en plus intellectualisé, autant dans les arts que dans la vie courante, la société est sans cesse marquée par la séparation entre faire et penser, entre l’acte et l’idée. Avec l’exposition Quand faire c’est penser, Lana Greben, commissaire et directrice du Palais des Arts Harricana, propose de mettre en lumière le rôle de la main dans les arts visuels à travers les œuvres de deux artistes d’ici. 

L’essence de l’humain étant son cerveau et sa main, Faire c’est penser fait référence à la réalité que la main intelligente, fille du cerveau, enfante la culture. L’artisan écoute, regarde et palpe la matière. Elle lui parle. Puis, sa main la transforme et la modèle pour en faire ressortir l’une des âmes qu’elle recèle. 

Ainsi, le rôle de l’artiste est de dégager ses pensées contenues dans la matière. Quoi de mieux, s’est dit Lana Greben, pour imager le travail de nos artistes. Pour ce faire, elle a sorti de leur solitude de créateurs deux artistes chevronnés et largement reconnus, le sculpteur Jim Couture et le graveur Roger Pelerin.

JIM COUTURE, SCULPTEUR

« Quand tu crées, tu vas là où tu rêves. L’œuvre, c’est la matière transformée par la recherche, la quête du détail, de la ligne ou de l’arête qui fait vibrer ton imaginaire. Ce n’est que la matérialisation des sensations ressenties lors de la réalisation de ce qui inspire le rêveur. »

De Lévis à Amos en passant par la Colombie-Britannique et le Grand Nord où il atterrit pour son travail, la découverte de l’art inuit est une révélation pour Jim Couture. « Je venais de découvrir la simplicité et la beauté de la sculpture pour le reste de ma vie. » Depuis, le décor enchanteur de la nature l’inspire pour enfanter des œuvres tridimensionnelles d’acier, de bronze, de pierre ou de bois, qui l’amènent à voyager à travers tout le pays.

ROGER PELERIN, ARTISTE-PEINTRE, GRAVEUR, SCULPTEUR ET MOSAÏSTE 

D’Asbestos à l’Île Nepawa en passant par Sorel et Montréal, Roger Pelerin crée des œuvres qui passent du ravissement au désenchantement. Toujours interpelées par la nature et le cheminement humains, ses œuvres mettent en scène le bonheur de la vie campagnarde alors que ses p’tits bonshommes aux visages à deux faces dévoilent les sentiments factices imposés par la vie sociale.

Pour la présente exposition, Roger Pelerin propose quelques œuvres de réutilisation créative. « Le plaisir que j’éprouve de créer avec des morceaux de récupération consiste à trouver la bonne pièce qui donnera l’illusion recherchée, dit-il. Une vieille fourchette pour le bras et la main, un fil de fer crochu et voilà une tête. Le déchet redevient utile. Il devient essentiel en s’intégrant dans l’œuvre. J’aime aussi qu’il soit identifiable. La fourchette crochue est toujours une fourchette, mais elle tient désormais le rôle d’un bras, et si j’ai de la chance, le tout sera harmonieux, quoique mon principal souci demeure toujours que ma sculpture se tienne debout toute seule. »

L’exposition sera présentée du 17 juin au 30 septembre au Vieux-Palais d’Amos.

AUSSI AU VIEUX-PALAIS : GILLES GRAVEL, ARTISTE MULTIDISCIPLINAIRE

Bien qu’il ait participé à 35 expositions collectives à Amos et dans la région, Expériences de vie est sa première exposition solo. « Expériences de vie fait référence à divers moments et étapes de ma vie, dit Gilles Gravel. Des œuvres de factures et de techniques diverses qui révèlent un parcours artistique pour le moins sinueux. »

Natif d’Amos, il a eu la piqure du dessin dès l’école primaire. Combinant carrière, engagement social et artistique, ce créateur multidisciplinaire expérimente différents médiums et techniques, dont la peinture, le collage, la gravure, la sculpture, et même la poésie et le chant. Une vie en arts. Guidé par une approche intuitive, son sixième sens lui fait percevoir les diverses possibilités que contiennent les choses, la nature qui l’environne et l’humain. Ainsi, tirées de cailloux, de papiers, de bouts de bois ou d’autres matériaux récupérés, les œuvres sorties de son imagination prennent vie. Elles deviennent des icônes représentant des rêves ou des activités quotidiennes de l’Homme.


Auteur/trice

Ingénieur forestier pour Domtar Woodlands, la Société d’État REXFOR et puis à son compte, Gaston a pris sa retraite en 2006. De retour sur les terres de sa jeunesse et fort d’un baccalauréat en Études littéraires, il se consacre à l’écriture tout en collaborant avec L’Indice bohémien depuis 2016 à la rédaction de textes et à la distribution du journal.