Après avoir passé des semaines à dynamiser le public et à faire chauffer les cordes de sa guitare, Christian Frenette, membre du groupe Lubik, est de retour chez lui à La Sarre pour s’amuser avec d’autres instruments :  la nature, le poisson et ses mouches éclectiques de fabrication maison.

« J’essaie de briser le mythe qu’on ne peut que pêcher de la truite avec des mouches. J’ai un éventail de prises : brochet, doré, achigan, j’ai même réussi à sortir une barbotte! », lance-t-il fièrement.

Fan invétéré de plein air, Christian a découvert la pêche à la mouche il y a trois ans, au détour d’un arrêt dans une boutique de Victoriaville. Curieux, il a posé des questions au commis de l’endroit et au lieu de recevoir des simples réponses à ses interrogations, il a plutôt découvert une nouvelle passion et un cours de démonstration impromptu.

« Le gars a littéralement pris sa passion et il me l’a transmise dans les veines comme une transfusion », raconte-il. Et j’essaie de corrompre le plus de monde possible à mon tour ».

La pêche à la mouche exige une technique qu’il faut peaufiner et un équipement qu’il faut renouveler à faire de tentatives ratées. S’il reconnaît avoir fait les frais de ses premiers essais, mais pas question de renoncer. Christian Frenette a même décidé de mettre sur pied le groupe Les moucheux du Nord abitibien pour partager trucs, astuces et solutions.

«C’est plus accessible qu’on peut se l’imaginer. L’hiver, on loue un gymnase et on se met des cerceaux pour s’exercer et puis, il est possible de faire ses mouches soi-même. Ça ne prend pas grand-chose. J’en ai fait avec des poils de chevreuil, d’orignal, des plumes de perdrix et même des glaçons de sapin de Noël.»

Les mordus de pêche à la mouche sont plus répandu qu’on peut le croire. Christian Frenette a découvert l’existence d’un bassin d’amateurs et de curieux. Il faut dire que le guitariste moucheur ne cache pas son plaisir et qu’il n’est pas avare non plus dans ses explications. Surtout si on lui demande de montrer ses créations.

« Celle-là, je l’appelle Ma p’tite princesse. On pogne de tout avec ça », commence-t-il en montrant une mouche faite de longs filaments blancs. Puis, comme s’il réfléchissait à haute voix : « J’aimerais ça vivre de ma guitare et de la pêche un jour ».

Des moucheux et des moucherons

Une communauté d’un peu plus de 300 personnes suit le groupe Les Moucheux du Nord abitibien. Mais Christian Frenette rêve déjà plus grand. Aux moucheux, il aimerait aussi voit naître une gang de moucherons et ainsi initier les plus jeunes.

« La vie c’est des fois la persévérance et la patience, mais aussi échec après échec. Une fois un brochet m’a fait perdre ma ligne au complet, mais on recommence. Moi, j’essaie d’aller dans le bois ou au bord de l’eau le plus souvent possible. Ça me permet de rester les deux pieds sur la terre. En plus, ici, on est chanceux : c’est gratuit et la nature est là. »

Lors d’une de ses sorties automnales, près du barrage de La Sarre, Christian Frenette a été témoin d’un saccage environnemental. Quelqu’un était venu déposer des bonbonnes de propane et avait laissé l’endroit jonché de déchets. Son oasis détente négligé, il n’en fallait pas plus pour organiser une battue.

« J’en tremblais de rage. J’ai mis des photos sur le groupe des Moucheux et annoncé la tenue d’une corvée de nettoyage des berges. Et les gens ont répondu à l’appel. Même qu’on pourrait en faire un happening annuel et soigner notre rivière».

Les idées se bousculent : protéger les berges, initier des moucheux qui s’ignorent au plaisir simple de taquiner le poisson et tranquillement commencer à vendre ses mouches abordables pour garder le loisir le plus accessible possible. Il songe déjà à une boutique en ligne et peut-être aussi un petit point de vente chez Coiffure Zone de La Sarre.

« Je crois que tout est possible. Quand le monde va arrêter d’avoir peur, il va y en avoir du monde au bord de l’eau », affirme-t-il avec assurance.

Les Moucheux du Nord abitiens sont sur Facebook.l


Auteur/trice

Lise Millette est journaliste depuis 1998, tant à l'écrit qu'à la radio. Elle a également été présidente de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ). En Abitibi-Témiscamingue, elle a été rédactrice en chef de L'Indice bohémien en 2017 et depuis, elle continue de collaborer avec le journal.