Une femme qui écrit, porte le pantalon et fume le cigare, mais quel scandale au 19e siècle. George Sand a eu quelques personnes à dos et nourri les critiques, mais rien n’a pu atteindre cette visionnaire, une femme hors de son temps. Un spectacle musical et théâtral retraçant la vie d’Aurore Dupin, son véritable nom, a présenté cette fameuse et mystérieuse George Sand.

« L’autrice », terme utilisé à l’époque pour désigner une auteure, livre ses secrets au travers de son fantôme, dans une mise en scène originale mélangeant le comique et le dramatique. Les comédiennes ont réussi à remonter le temps pour présenter une des écrivaines françaises les plus prolifiques de son époque.

Cette pièce de théâtre combinait piano et monologue, dans un petit salon du Centre musical En sol mineur à Rouyn-Noranda. Pour imprégner les spectateurs dans la trame historique, le décor vient recréer l’ambiance d’un salon typique des années 1830-1840 en France, au temps du Théâtre salon. Sur la scène, les actrices Jacynthe Riverin, incarnant George Sand, est accompagnée par sa soeur Céline RIVERIN, pianiste et interprète de Chopin.

L’espace est intime et cette proximité rend l’action plus présente. Sur scène, le piano imposant occupe une grande partie du décor. L’éclairage rappelle celui des bougies, puisque l’électricité n’existait pas à cette époque. En appui, des filtres, des lampes de poches qui projettent des ombres chinoises et de petites marionnettes représentent les personnes mentionnées dans le récit comme la grand-mère, la mère, Alfred de Musset (avec qui elle a eu une liaison ).

Les costumes sont aussi d’un autre temps : la pianiste est habillée avec une redingote en queue de pie et  George Sand porte le pantalon. Une exception pour les femmes à cette époque,  mais tellement « confortable » dixit l’écrivaine. Cet habit lui permet l’accès aux endroits réservés aux hommes. C’est le début du féminisme et d’une certaine révolution.

Cette pièce de théâtre raconte la vie d’Aurore Dupin, de manière accessible, peu importe l’âge ou la connaissance que peut avoir le spectateur de cette écrivaine. À travers son fantôme, l’auteure revisite sa vie de sa naissance à sa mort, en plusieurs tableaux qui s’enchaînent.

En première partie, sa jeunesse est marquée par sa grand-mère, sa meilleure amie, qui lui assure une bonne éducation et lui permet d’avoir un accès à la culture. Elle surmonte une jeunesse difficile, avec la mort précoce de son père et une séparation forcée de sa mère, mais ces difficultés forgent son caractère. Puis, elle se met à l’écrire pour rédiger ses premiers essaies. Indiana, publié en 1832, connaîtra un véritable succès.

En deuxième partie, la pièce se fait plus musicale et traite des relations amoureuses de George Sand, et plus précisément son histoire d’amour avec Chopin qui a duré huit ans! Un hiver à Majorque, écrit en 1838-1839, est l’une des aventures racontées. Celle-ci, accompagnée de Chopin. Une belle aventure racontée et imagée par la musique et le jeu des actrices.

C’est sur ces tableaux que la pianiste devient actrice, dans un double jeu très bien interprété. Les rôles s’inversent même, révélant du même coup la polyvalence des comédiennes.

Ce spectacle étonnant aborde de belle façon le sujet de la biographie et incite à découvrir ou George Sand qui écrivait « je voudrais mourir par curiosité ».


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