« Je ne me considère pas comme un écrivain, je dirais plus un écriveux que d’autres choses… ou un créateur, mais ça pourrait sembler un peu prétentieux », hésite Bruno Crépeault, en toute simplicité.

Retraité d’Air Canada depuis deux ans, Bruno Crépeault a laissé les aéroplanes pour la production vidéo et travaille maintenant chez Adama Production à Val-d’Or. C’est d’ailleurs à quelques minutes de son départ pour un projet de tournage qu’il a pris un moment pour répondre à L’Indice bohémien sur son tour du chapeau aux Prix littéraires de l’Abitibi-Témiscamingue.

En 2017, le concours avait demandé aux auteurs de livrer les textes de cinq chansons inédites dont l’une devait être intitulée Pétrole. Les textes devaient avoir au moins trois couplets et un refrain.

« Il y en avait une que j’avais écrite pour ma blonde, pour ses 30 ans, une autre composée pour ma mère. Celle dont je suis le plus content est Pétrole et dire qu’au départ, je ne savais trop quoi écrire. C’est dire comment un thème peut vous surprendre », raconte M. Crépeault.

Les deux premières chansons reposaient tranquillement dans un tiroir. Cet état de dormance s’avère la marque de commerce de cet auteur primé, pour que d’autres voient le potentiel de ses créations avant lui. C’est un peu l’histoire derrière son livre La mémoire du funambule, qui avait remporté le premier prix en 2005 et qu’il avait soumis sous le titre original de La peur de vivre.

« Après avoir reçu le prix, Denis Cloutier, des Éditions du Quartz, qui l’avait lu, se demandait “Mais pourquoi il ne sort pas ça?” S’il n’était pas venu cogner à ma porte, peut-être que je ne l’aurais jamais publié », reconnait-il.

Ce roman s’est retrouvé finaliste au Grand Prix littéraire Archambault en 2012, plusieurs années après son couronnement abitibien.

« Ma mère a été un peu triste parce qu’elle a dû attendre sept ans avant de pouvoir le lire! En fait, je pourrais sans doute écrire plus, mais je ne me force pas à produire. Le projet sur lequel je travaille, je l’avais en tête depuis 11 ans. Des fois, je laisse reposer, jusqu’à ce que je ressente l’envie de le voir, de le toucher », résume-t-il.

Une imagination qui bouillonne

En 2006, Bruno Crépeault avait tenté sa chance en présentant des nouvelles littéraires. Là encore, il s’est illustré et a décroché le premier prix.

Preuve qu’une idée peut prendre diverses formes, Bruno Crépeault a aussi imaginé un jeu de société, Rockwell, dans lequel chaque joueur est propriétaire d’uen compagnie minière junion dont l’objectif est de séduire la grande entreprise Rockwell. Pour ce faire, il faut user de ruses et d’alliances pour atteindre le premier, à grands coups de forage, le centre de la Terre.

Bruno Crépeault refuse toutefois de prétendre avoir une formule ou une recette qui fait flèche de tout bois.

« Tout dépend de l’idée. Il faut trouver où ça se place le mieux et comment bien servir cette idée. Il faut être lucide, avoir du discernement et un peu de talent. Mais ça ne fonctionne pas toujours. J’avais soumis en poésie et ça n’a pas marché. »

Et la suite?

Bruno Crépeault reste mystérieux sur ses projets. Il faudra néanmoins surveiller ce créateur et ses projets en hibernation.

Quant à ses chansons primées au Salon du livre, elles pourraient bien connaitre une suite. Trop tôt pour déterminer ce qu’elle sera. Sans doute faudra-t-il patienter un peu. Dans l’attente, voici un extrait du texte de sa chanson Pétrole :

T’es aussi belle qu’une fière chandelle

Figée dans cire de mes désirs

Oui! bel amour Carburant de nos grands moments

T’es mon pétrole Moitié-nectar, mi-vitriol

T’es mon pétrole, mon doux alcool

J’veux toute apprendre à ton école…


Auteur/trice

Lise Millette est journaliste depuis 1998, tant à l'écrit qu'à la radio. Elle a également été présidente de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ). En Abitibi-Témiscamingue, elle a été rédactrice en chef de L'Indice bohémien en 2017 et depuis, elle continue de collaborer avec le journal.