Celui qui est connu sous le nom d’artiste Anodajay s’était approché de l’œuvre de Desjardins en 2006 avec son album Septentrion. On pouvait y retrouver les mélodies de la pièce Les Yankees en trame de sa chanson L’homme de bois :
Si l’homme était l’arbre et qu’on lui sciait les chevilles
S’il tombait en pleine face et qu’on le découpait en billes
Si on lui arrachait la peau, comme on arrache une écorce
Si à l’aide d’un canif, on lui grave un nom sur le torse
Si on lui cassait les bras, comme on ose casser ses branches
Si on le couchait sur le plat et qu’on en faisait des planches.
D’abord étiquette hip-hop, Disques 7ième Ciel a étendu sa portée en lançant en 2014la division 117 Records pour produire des artistes qui se réclament d’autres genres musicaux que le rap. Ce sera le cas de cet hommage, qui n’est aucunement une relecture hip-hop des classiques de Desjardins, mais au contraire « la plus grosse sortie » du jeune label depuis sa création.
Desjardins : avisé, mais dans l’attente
« Je ne me serais pas autorisé à faire ce type de projet sans son approbation. Il a accepté, mais il n’en sait pas beaucoup, mentionne le producteur. Je lui ai dit que je ne voulais rien lui dévoiler, pour garder la surprise. »
Et il semble que Desjardins ait fait une forme d’acte de foi. De Montpellier, en France, où il se trouve, le poète a en quelque sorte donné carte blanche à ses « héritiers », sans même connaitre les titres qui ont été retenus.
Il faut dire toutefois que les artistes qui prennent part à cet hommage sont, chacun à leur façon, un peu complices de Desjardins. Le cinéaste Dominic Leclerc, de Rouyn-Noranda, a d’ailleurs réalisé un projet parallèle en déclinant, pour chaque chanson, des capsules vidéos. On y découvre une autre dimension de la relation entretenue par les interprètes avec l’œuvre du poète.
« Desjardins, son premier album, personne n’en voulait. Il l’a monté lui-même avec ses supporteurs et je me retrouve un peu dans ça et c’est aussi un peu le lot des artistes que nous avons réunis. Des gens qui ont pris le même sentier, le même parcours. Des artistes parfois issus de régions, des fois plus à gauche, mais toujours à la rencontre de leur public », explique Nolin.
Ainsi, sur cet album hommage cohabitent des versions plus convenues, dans la lignée de la pièce originale et d’autres où on s’éloigne. Les voix féminines, par exemple, donnent une autre couleur aux chansons en insufflant une autre forme de poésie.
***
Premier extrait: « Tu m’aimes-tu? », une reprise de Fred Fortin.