Alors que CULTURAT fait de plus en plus jaser et que de nombreux projets voient encore le jour, sous les yeux ravis de nos concitoyens, j’avais envie d’aller voir ailleurs, plus précisément de l’autre côté, à l’extérieur de la région. De quelle façon peut bien être perçue cette démarche par un regard moins teinté par la fierté locale? C’est François Bédard, directeur du Centre mondial d’excellence des destinations (CED), qui m’a fait part de son point de vue.

Mais d’abord, qu’est-ce que c’est au juste, le CED? Cet organisme à but non lucratif basé à Montréal « a pour mission de contribuer à amener les destinations touristiques à l’échelle mondiale vers l’excellence, en développant leur compétitivité, en facilitant l’atteinte de leurs objectifs en matière de développement durable, en améliorant la qualité de l’expérience offerte aux touristes et en renforçant le caractère géographique d’une destination, à savoir son environnement, sa culture, son esthétique, son patrimoine et le bien-être de ses habitants » (http://www.ced.travel/fr/organization/a-propos-de-nous.html). Si François Bédard connaît la région, c’est qu’il l’a visitée déjà en 2012, à la demande de Tourisme Abitibi-Témiscamingue, pour l’évaluer en tant que destination et émettre ensuite ses recommandations.

Aujourd’hui, c’est avec plaisir qu’il observe CULTURAT : « Ce que je vois, c’est qu’à partir d’un concept qui était assez large, il y a eu une appropriation extrêmement intéressante de beaucoup, beaucoup d’acteurs dans le milieu, même sur la grandeur du territoire. Et ce que je comprends, c’est que les gens ont vraiment embarqué dans ce projet parce qu’ils n’y étaient pas forcés. Ils se sont donc plutôt posé la question : « Qu’est-ce que je pourrais faire à partir de mes ressources, à partir de mes valeurs, que je pourrais associer à la démarche globale de CULTURAT? » Et ça semble avoir touché leur attention parce que CULTURAT est devenu un mouvement très large, très diversifié, auprès d’acteurs de toutes natures, petits, grands, publics, privés… »

Pas mal. Mais qu’est-ce que ça vaut, concrètement, sur le plan international? « D’abord, répond-il, je n’ai pas vu de démarche citoyenne aussi prononcée ailleurs, en tout cas je n’en ai pas eu l’occasion. Je n’ai pas vu, dans les destinations dans lesquelles j’ai travaillé jusqu’à maintenant, un phénomène aussi fort, où les résidents se le sont aussi largement approprié. Je crois que c’est quelque chose qui a effectivement une très grande valeur parce que lorsqu’on parle de positionnement public, disons touristique, arrive toujours la question de : à partir de quoi va-t-on se définir? Si on se définit par trop de messages, c’est très difficile de se démarquer. On encore, on peut utiliser la motoneige, par exemple, mais les gens peuvent trouver ça ailleurs. CULTURAT, dans le fond, c’est l’expression d’une démarche communautaire qui donne un caractère à la destination. Et là, c’est très difficile à reproduire, donc si on veut voir ça, il faut aller en Abitibi-Témiscamingue. »

C’est bien beau tout ça, mais encore faut-il que le mouvement ne s’épuise pas, non? « Oui, c’est comme une plante, quelque chose de vivant, explique-t-il. Si on veut garder sa fraîcheur et ses fleurs, il faut l’entretenir. Il y a un rôle d’animation à jouer. Il faut aussi qu’il y ait un bénéfice pour les résidents. Ensuite, une fois que la promotion et la publicité diffusées par les acteurs qui sont responsables de la destination sur le marché touristique auront créé une image de marque de l’Abitibi-Témiscamingue, que ce sera un attrait à visiter, je pense que ce sera un facteur qui jouera dans la pérennité de CULTURAT. »


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