La chorégraphe-interprète Audrée Juteau, originaire de Val-d’Or, y présentera un extrait de sa nouvelle création, Les Strange strangers, le 4 novembre prochain. La pièce intégrale prendra ensuite l’affiche au Théâtre Tangente, à Montréal, du 9 au 12 mars 2017. Les Strange strangers se crée à partir de grandes toiles et d’objets hétéroclites disséminés sur la scène et elle sera interprétée par le duo Audrée Juteau et Nathan Yaffe. Outre les deux interprètes, le compositeur multi-instrumentiste Michel F. Côté fait partie de l’équipe de création.
Cette création se veut avant tout une performance pour favoriser chez le spectateur l’émergence de nouveaux états affectifs, pour lui permettre de voir les objets de son environnement différemment, pourvus d’une âme. Dans cette perspective, elle remet en question le rapport utilitariste et inégalitaire que l’être humain entretient avec les objets. Ainsi, par analogie, la chorégraphe entend moins imposer sa volonté dans sa démarche de création que de la laisser émerger. Selon la chorégraphe, cette décentralisation dans la création permet de s’ouvrir et de se laisser guider vers de nouveaux univers. C’est une façon pour elle de se laisser surprendre. Elle a déjà expérimenté cette démarche dans ses deux dernières créations en travaillant avec un chien, considéré comme un performeur à part entière, c’est-à-dire capable, autant que ses partenaires de scène humains, d’interagir avec le spectateur, de l’émouvoir. Par sa façon de s’inscrire dans le temps et dans l’espace, le chien a permis à l’artiste d’explorer de nouveaux univers chorégraphiques inattendus. Ainsi, l’artiste, tout en plaçant cette nouvelle chorégraphie dans la même veine que les deux précédentes, veut pousser l’expérimentation plus loin en considérant les objets pourvus du pouvoir d’émouvoir. Elle entend créer les conditions permettant au spectateur de percevoir l’espace en train de s’animer dans son rapport avec les danseurs. Le spectateur sera invité à se laisser transporter dans un univers où les humains et les objets, mis sur un même pied d’égalité, se côtoient dans une grande indissociabilité.
Afin d’atteindre ce résultat, la chorégraphe intègre une technique d’autohypnose dans sa démarche de création. Cette technique consiste à se représenter les objets de son environnement animés grâce à de petits textes hypnotiques. Elle crée ainsi un certain état de réceptivité et d’étrangeté des objets environnants, le spectateur se trouvant dans un rapport inversé au monde qui l’entoure. Cette perception altérée du monde favorise l’émergence d’un nouveau matériel chorégraphique et relève de l’animisme, croyance caractéristique de certaines pratiques religieuses telles que le vaudou. La démarche artistique de la chorégraphe tisse des liens serrés également avec le conte Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll. En effet, dans le conte, Alice développe un rapport inversé à son environnement alors qu’elle se retrouve au fond du terrier du lapin blanc. Elle se métamorphose, grandissant, rapetissant ; et les objets finissent par prendre le rôle principal. À la manière du conte, l’artiste crée un univers dans lequel le spectateur peut s’abandonner à une douce rêverie le temps d’une chorégraphie. C’est un défi que se lance l’artiste qui, comme un funambule, se livre à une véritable performance.
En effet, Audrée Juteau considère que son travail se situe à la frontière entre la danse et la performance. Elle entend sortir des cadres préétablis afin de donner libre cours à son imagination et d’utiliser les moyens qui lui sont offerts pour nourrir et développer ses idées. En tant qu’artiste, sa principale préoccupation consiste à créer une expérience affective et sensorielle partagée entre le spectateur et les performeurs. Installée à Montréal en 1996 pour poursuivre ses études, d’abord à l’école Pierre-Laporte, puis à EDCM, Audrée Juteau détient une maitrise en danse de l’UQAM. Elle a entrepris une carrière de chorégraphe professionnelle en 2008 en réalisant des créations collectives avec le groupe The Choreographers. Outre ses travaux en tant que chorégraphe, elle mène une importante carrière d’interprète et a collaboré, depuis 2003, avec, entre autres, Sonya Biernath, Jordi Ventura, la fondation Jean-Pierre Perrault, la compagnie Bouge de là d’Hélène Langevin et la chorégraphe Deborah Dunn. Les Strange strangers marque une étape charnière de sa carrière de chorégraphe. C’est un important projet étalé sur une plus longue durée et mobilisant un plus grand nombre de collaborateurs. Plusieurs institutions, dont le département de danse de l’UQAM, Studio 303 et Vermont Performance Lab, en soutiennent financièrement la réalisation.\
Vidéo promotionnel Les Strange strangers: Cliquez-ici.