Le 13 juin dernier, la rectrice de notre université régionale, Mme Johanne Jean, flanquée de quelques partenaires, annonçait la remise en route de l’Observatoire de l’Abitibi-Témiscamingue (OAT). Une excellente nouvelle sous bien des rapports.

 

Notre observatoire régional, le premier de son genre à exercer une vigie des enjeux régionaux, nous a habitués à des suivis studieux et patients sur des enjeux capitaux pour notre région : démographie, économie, immigration et j’en passe. L’OAT, c’est un microscope tourné vers l’intérieur. Indispensable !

 

Permettez-moi : au-delà du microscope, il nous manque quelques autres accessoires optiques pour que l’Abitibi-Témiscamingue reconnaisse les mouvements qui viendront de l’intérieur affecter son parcours.

 

Si on a le microscope, on peut aussi avoir la loupe : une vigie-citoyenne. Oui madame !

 

Parfois, s’agissant des Premières Nations, les études d’impacts environnementaux les plus performantes se documentent non plus seulement par des inventaires scientifiques, mais aussi en tenant compte du savoir traditionnel des premiers usagers du territoire. La montaison d’une espèce de poisson connaît des cycles que la présence ponctuelle de biologistes ne saurait parfois reconnaître. La ligne du temps a vu passer beaucoup d’eau et pas mal de faune.

 

Bon, d’accord, la présence allochtone est plus que très récente en ces terres du milieu. Justement, à nous de compenser la connaissance ancestrale qui nous fait défaut par une notification attentive de nos observations : le calepin du flâneur, tiens. Gardons des traces. Les calendriers de nos mères, la mienne en tout cas, sont truffés d’annotations météorologiques. La météo, le niveau d’eau du lac… un rendez-vous chez le dentiste. Oups.

 

Sérieusement, si chaque communauté rurale disposait d’un réseau de veilleurs dûment mandatés pour garder à jour les données critiques et sensibles, on en finirait avec les perceptions qui commencent avec « Me semble qu’avant, c’était pas de même, hein ? »

 

L’autre truc qui nous fait défaut, c’est l’absence de veille stratégique. Nous n’avons pas de télescope tourné vers l’extérieur. J’ai aimé le papier, voire le brûlot, du dragon Alexandre Taillefer qui titrait Les régions qu’ossa donne ? C’était dans l’édition du Voir du 13 juin dernier.

 

Il nous rappelait combien certaines de nos artères commerciales en région s’en tenaient à l’urbanisme immanent aux années 70. Comme s’il fallait que nous ayons, nous aussi, comme Madame Brossard de Brossard, notre Boulevard Taschereau. Fort à propos, il nous amenait à reconnaître les stratégies des Victoriaville,Saint-Hyacinthe et autres qui ont développé des propositions urbanistiques vraiment chouettes. Scrutons le ciel à la recherche des étoiles les plus brillantes !

 

Puis, si nous n’avons que nos yeux, empruntons le télescope des autres, ce n’est pas ça qui manque. Puis, il doit bien y avoir 3 ou 4 spécialistes de contenus qui pourraient nous faire un topo de l’univers visible à portée de télescope.

 

Je pense aussi à certains sites Internet spécialisés en veille stratégique, tel celui appelé Efficycle, où l’on recense une foule de projets absolument orientés vers le développement durable.

 

Par une vigie-citoyenne et une bonne veille stratégique en développement régional, nous aurions le mérite, en un regard, de voir l’infiniment petit et l’infiniment grand.

 

En mettant nos calepins sur la même table, nous aurions une seule image. Le début de l’Intelligence territoriale. On se coucherait tard. On veillerait. \


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