La dernière fois que vous avez consulté le solde de votre compte bancaire, qu’avez-vous vu ? Si vous êtes chanceux, un beau nombre positif à cinq ou six chiffres. C’est rassurant, non, de savoir ses économies en sécurité? En fait, la somme indiquée et que vous croyez être votre argent ne l’est pas vraiment. Lorsque l’on effectue un dépôt à la banque, notre argent, si durement gagné, devient la propriété légale de la banque. En clair, vos économies ne vous appartiennent pas et la banque peut utiliser vos fonds comme bon lui semble.

Eh oui ! Une banque, ce n’est pas comme une tirelire et ce qu’indique le solde de votre compte bancaire n’est autre chose, en réalité, qu’une dette de la banque envers vous. Ceci est vrai pour tous les comptes bancaires du monde. Ça fait beaucoup de dettes. La banque n’a dans ses coffres qu’un petit pourcentage des dépôts de ses clients. Elles comptent sur le fait que la probabilité est mince que trop de ses clients viennent réclamer leur argent au même moment, ce qui les mettrait en sérieuses difficultés.

Tant que ça va bien, tout va bien. Malheureusement, à l’occasion, des crises financières surgissent et là, le château de cartes risque de s’effondrer. Souvenez-vous de 2007-2008. Lors de la dernière crise financière, les banques canadiennes se sont assez bien tirées d’affaire, mais d’autres régions du monde n’ont pas eu cette chance. C’est pourquoi nous avons vu se mettre en place des plans de sauvetages massifs des banques avec l’argent des contribuables, bail-out pour reprendre le terme anglais.

Le bail-out est une option douloureuse pour les finances publiques, nous en subissons toujours les conséquences. Il existe aussi une deuxième option, moins connue, pour sortir les banques de ces mauvais pas, le bail-in. Non moins douloureux, le bail-in, ou sauvetage à l’interne, consiste à renflouer une banque en saisissant une partie des dépôts de ses clients et en les convertissant en fonds propres de la banque. Vous vous retrouvez donc avec, à la place d’une partie de vos économies gagnées par votre travail, des actions de votre banque en faillite. Quelle délicatesse !

Peut-être seriez-vous intéressé à savoir qu’une telle mesure a été adoptée discrètement, enfouie profondément dans le premier budget du gouvernement libéral de Justin Trudeau. On retrouve ici une réminiscence des méthodes peu orthodoxes des conservateurs. Des mesures similaires sont entrées en vigueur dans l’Union européenne le 1er janvier 2016 et aux États-Unis en 2015, mais rassurez-vous, tout va bien et rien de fâcheux ne se prépare sur la planète finance.

En 2013, un premier bail-in a été mis en exécution sur l’île méditerranéenne de Chypre. Il en a résulté la saisie d’un peu moins de 40 % de tous les dépôts supérieurs à 100 000 euros. Cet argent a tout bonnement été remis aux banques chypriotes qui prenaient l’eau. Mais ne vous en faites pas, c’est pour une bonne cause. Dites-vous bien que tout navire a besoin d’un canot de sauvetage, d’autant plus s’il prend l’eau. Nous sommes tous désormais, grâce au gouvernement Trudeau, devenus les embarcations de secours des banques. \