Deux Abitibiens d’Amos ont participé à une expédition dans les eaux du Grand Nord canadien durant l’été 2013, avec quatre collègues, traversant 1500 km en 63 jours à bord de trois canots, dans le bassin hydrographique de la rivière Peel. Cette difficile épreuve, organisée grâce à l’initiative de Gabriel Rivest, Amossois d’origine installé au Yukon, a fait l’objet d’un film documentaire réalisé par l’un des pagayeurs, le réalisateur néozélandais Simon Lucas, afin de sensibiliser la population à l’importance de se mobiliser pour protéger ce territoire naturel préservé de l’exploitation humaine. Le documentaire était projeté le 26 février dernier à Rouyn-Noranda.

Œuvrant tous dans des secteurs d’activité qui touchent aux enjeux environnementaux, les six hommes ont été alarmés par le projet d’exploitation du bassin de Peel, alors même que la commission d’aménagement du bassin avait réussi à obtenir la protection complète du territoire après sept ans de travail. Or, en janvier 2014, le développement a été autorisé sur plus de 60 % de la superficie du bassin afin d’y permettre notamment l’exploitation minière et la construction de routes. Grâce à la mobilisation sociale autour de cet enjeu, la décision a été infirmée et le territoire du bassin de Peel est désormais protégé à la hauteur de 80 % de sa superficie.

Selon Jean-Daniel Petit, organisateur des projections du film pour l’entreprise manufacturière Abitibi & Co, qui a contribué à le financer, c’est pendant l’expédition que les enjeux environnementaux sont survenus, lorsque les six hommes ont appris que le bassin était menacé par le développement minier. C’est ainsi que le film documentaire prit une dimension environnementale afin de sensibiliser la population à l’importance de se mobiliser pour que ce type de territoire ne soit pas perdu advenant une exploitation aveugle de ses ressources naturelles.

Une projection du documentaire suivie d’une table ronde a eu lieu à Rouyn-Noranda en février dernier, en présence du réalisateur et de Gabriel Rivest, via Skype. M. Petit rapporte que 200 personnes de tous les âges étaient présentes lors de l’événement, qui se tenait au Petit Théâtre du Vieux Noranda. Il s’est dit agréablement surpris par l’engouement du public pour les enjeux environnementaux. Le débat fut riche et a duré 45 minutes, souligne-t-il.


Jean-Daniel Petit précise que le film se veut neutre et explique que les six pagayeurs ne s’opposent pas à l’exploitation des ressources naturelles bien qu’ils aimeraient voir la nature préservée autant que possible. Cindy Bourque, animatrice à Rythme FM, était également sur place et abonde dans le même sens. « Le ton non moralisateur du film a captivé l’intérêt du public et a alimenté le débat », dit-elle. Elle confie avoir été impressionnée par le fait que le documentaire soit le premier film professionnel du réalisateur Simon Lucas, impressionnée par la beauté des images. « Ces décors magnifiques captés pour une bonne cause ont sonné la cloche pour sensibiliser le public », conclut-elle.

Joint par téléphone au Yukon, Gabriel Rivest nous apprend que son initiative découle du fait qu’ayant grandi à Amos il a été exposé aux problèmes environnementaux touchant aux mines, à la foresterie et aux lacs. En allant vivre au milieu des paysages merveilleux du Yukon, il a été très sensible à la question de la protection de l’environnement. Il confie avoir organisé l’expédition pour faire un film qui parle de l’environnement, un film qui ne soit ni pro-industrie ni contre le développement industriel, pour que les gens réalisent l’importance de préserver la nature. Suite aux projections, il dit avoir constaté l’ouverture du public au point de vue du film, que ce public soit pour ou contre la préservation des espaces tels que le bassin de la Peel. « Le film s’intitule Paddle for the North, non pas Paddle for the Peel, parce qu’il ne traite pas uniquement de la Peel, qui a le monopole médiatique actuellement. Il traite des enjeux environnementaux de tout le Nord », explique-t-il. Le film sera projeté à nouveau en Abitibi au cours du mois d’avril, avec la présence de Gabriel, nous apprend-il. \


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