Sans eau, sans humidité, point de salut pour la plante. En tant que sang de la terre, l’eau lui est essentielle. Nous savons tous que la pluie apaise et rafraîchit parce que tous, nous connaissons les ions positifs du soleil électrisant et les ions négatifs effaçant toute tension, nous en avons fait l’expérience.

Chaque averse nous est agréable, dans la mesure où elle est prévisible. Lorsque le soleil réapparaît, il fait bon se réjouir de tant de brillance, de fraîcheur soudaine et de parfums suaves. Tout est propre à nouveau, frais lavé, la poussière abattue et l’air inondé de lumière. Tout est plus clair après la pluie.

L’eau devient le véhicule des nutriments que la plante recherche et qui deviennent ainsi accessibles à ses petites radicelles. Certaines plantes peuvent s’accommoder de sécheresses prolongées, comme la famille des solanacées que sont la pomme de terre, l’aubergine, le pétunia et la tomate. Elles n’en auront que plus de saveur, le moment venu de la récolte.

Il est donc inutile d’arroser systématiquement. Si le besoin d’eau se fait sentir, arrosez tôt le matin et abondamment, au niveau du sol, de telle sorte que la plante s’en abreuve jusqu’à saturation, alors que le soleil n’est pas à son zénith, que ses rayons sont encore obliques et qu’ils n’assèchent pas encore le sol. Ainsi, la prochaine fois que vous arroserez, le sol aura mémoire de l’eau, ayant gardé à quelques pouces de profondeur une certaine humidité, comme une trace laissée par votre dernier arrosage. Votre geste sera d’autant plus efficace que les deux zones humides se rejoindront par capillarité et que les plantes ne vivront aucun stress, l’humidité déjà présente permettant à l’eau nouvelle de mieux infiltrer et saturer le sol perméable.

Par ailleurs, le fait d’arroser le soir est une moins bonne idée car cela équivaut à inviter les limaces et autres pestes à se régaler pendant la nuit de vos tendres végétaux. À ce propos, le vieux truc marche toujours : celui des écales d’œufs réduites en miettes qui tiennent ce mollusque à distance si on les place au pied des plantes qu’on veut épargner. Quoi qu’il en soit, il faut toujours relativiser en se disant qu’une portion tout de même modeste du produit de notre travail retourne de toute façon à la nature, à cause de tout ce que nous ne contrôlons pas, comme la pluie en abondance, au-delà de nos attentes et les pertes encourues, pour nous, mais pas pour la nature qui les recyclera.

Les jardiniers horticulteurs et maraîchers vous diront qu’il y a lieu de récupérer cette eau de pluie pour les jours de pénurie. La maison elle-même et toutes les dépendances couvertes d’un toit devraient être mises à profit, munies de barils capables de recueillir l’eau qui ruissellera dans les gouttières. Par prudence, il faut cependant prendre soin de faire en sorte que les jeunes enfants n’y aient pas accès. Un système d’irrigation au moyen de boyaux permettra d’assurer un arrosage régulier même en cas de sécheresse. Si votre terrain est en pente légère, vous avez là un avantage. Ces dernières années, on ne peut pourtant pas prétendre avoir manqué de pluie dans la région. Qu’à cela ne tienne, si la météo nous procure le nécessaire, l’eau qu’on aura recueillie servira à d’autres usages comme le lavage de l’auto, des galeries, des fondations, etc.

« La forêt fait le climat », dit l’adage. En effet, l’exploitation forestière pourrait contribuer au réchauffement climatique, même si les recherches récentes ont démontré que si le climat est plus chaud, il est également plus humide. Il semble en effet que la croissance des courbes de température corresponde à celle des précipitations. Sauf que la pluie ne tombera pas forcément là où les besoins en eau se seront fait sentir. Or, lorsque de grandes surfaces de forêt sont mises à nu pour quelques années, le sol s’assèche davantage que s’il avait gardé sa couverture forestière. L’action du vent libre d’obstacles intensifie la sécheresse de secteurs autrefois ombragés, frais et humides, habitats de nombreux animaux.

Toutefois, si la nature peut subir des transformations ou des bouleversements au gré des méthodes de culture ou de la gestion des forêts, ultimement, un naturel retour à l’équilibre y règne. Que le prochain arc-en-ciel s’offrant à votre vue vous porte à réfléchir sur l’importance de la pluie et le rôle qu’elle peut jouer dans le maintien de cet équilibre. \


Auteur/trice

Chroniqueuse autodidacte pour L'Indice bohémien et pour le Journal Le Pont de Palmarolle. Les sujets couverts touchent, entre autres, l'actualité, la lecture, le jardinage, le végétarisme, l'interprétation de l'objet patrimonial, les arts visuels, le portrait, l'amour de la nature et de la culture. Prix de l'AMECQ 2019 pour la meilleure chronique Notre région a cent ans.