Rénal Dufour, 8e enfant d’une famille de 11, a pris conscience très jeune des besoins fondamentaux des humains et des différences dans les rapports. Son humanisme, son intérêt pour le développement harmonieux, sa vie de foi l’amènent à vouloir résolument agir, avec d’autres, pour améliorer les conditions de vie et favoriser les chances d’épanouissement.
Son action s’exerce principalement auprès des jeunes, comme enseignant d’abord, puis comme prêtre-curé d’une paroisse. Dans la vingtaine, déjà, il s’insurge contre les méfaits, « le malfonctionnement » des multinationales. Les grands principes du mouvement coopératif lui correspondent au point qu’il souhaite y consacrer ses talents et énergies. « Une coopérative, c’est mettre l’économie au service des humains et non l’inverse. On peut parler de réussite quand des humains s’en sortent mieux ensemble. Une coopérative, si petite soit-elle, est déjà une victoire. »
Je le sais animé par une volonté d’aimer, de donner sens à la vie, de faire des choix avec d’autres : une volonté de construire ici. Il saisit l’occasion lorsque plusieurs jeunes lui demandent de les aider à vivre des expériences utiles et constructives tout en s’initiant au marché du travail. Ils mettent sur pied, ensemble, des camps de jour pour les jeunes, animés par des jeunes,cette fois rémunérés. Une formule fort appréciée des parents. Tout va bien ainsi jusqu’à ce que Jules Arseneault et Omer Chouinard, de l’Université du Québec, viennent le consulter. Les résultats d’une étude sur les coopératives donnent à penser que leurs fins de parcours sont reliées aux limites individuelles et aux conflits non résolus. La connaissance et le respect des capacités, le sens du pardon font donc partie des solutions!
Cet échange remet Rénal sur la piste, ravive ses convictions profondes quant aux mouvements coopératifs, quant à ce mode de vie. Il participe avec d’autres, peu de temps après, à la création d’une Coopérative jeunesse de service. Les jeunes se forment au leadership. Ils apprennent à faire confiance, à vivre de belles valeurs. Ils apprennent à mettre leurs talents au service de la réussite collective. En 1999, en parallèle, il fonde, avec un groupe d’adolescents et adolescentes, la Coopérative de solidarité d’animation des jeunes de l’Abitibi-Témiscamingue (COSAJAT).
Le cœur ouvert, il continue depuis, avec ses connaissances, son dynamisme, sa détermination et son sens de l’émerveillement, à soutenir et encourager les jeunes engagés à maintenir les services offerts. Chaque été, outre diverses activités, plus de 600 jeunes, animés par d’autres jeunes, reçoivent une formation à la vie chrétienne. Une formation unique au Québec. Pas étonnant d’apprendre que Rénal est aussi membre de la Coopérative Santé du Témiscamingue, sociétaire de la Coopérative Funéraire, de la Caisse Populaire et administrateur de la Coopérative de Développement Régional. « Je me sens très respectueux de la capacité de prendre des décisions, d’avancer en groupe. J’ai beaucoup reçu dans ma vie. Il est normal de donner à mon tour. Les coopératives me prouvent qu’un autre monde est possible, qu’on peut réussir à produire, à vivre sans écraser, sans mettre au rancart. »