En 1908, des coureurs des bois venus du poste Abitibi remontent la rivière White Fish, à La Sarre, et s’établissent à sa jonction : Jack Babin, Gustave Nadon, les frères Zimmerman et Édouard Lemoine. Ils apprennent la vie en forêt des Amérindiens, à manœuvrer les canots, à chasser et à utiliser des raquettes. Leurs canots sont faits d’écorce de bouleau, méthode apprise des autochtones. Ils s’habillent dans des vêtements semblables et mangent la même nourriture qu’eux, des aliments riches : lard salé, maïs, pois, biscuits de froment, plus ce qu’ils chassent et pêchent. Ils accrochent leur nourriture très haut dans les arbres, loin des animaux.
Ils voyagent en groupe, ils ont besoin les uns des autres pour pagayer, faire du portage, établir les abris et faire le guet la nuit. Les moustiques les incommodent, car il y en a tellement qu’un homme peut devenir fou, mais ils apprennent des autochtones comment les garder à distance. Ils utilisent des feuilles de laurier, de la sanguinaire, ainsi que des graisses animales et de l’huile de poisson pour les éloigner.
L’hiver, ils creusent des trous dans la neige et tapissent de branches de cèdre ce gîte pour rester au chaud la nuit. Ils apportent très peu d’objets : fusil et munitions, couteau, couverture, provisions, hache, chaudière. Leur costume est composé d’une mitasse (guêtre portée sur les mollets pour les protéger des herbes et des branches), de mocassins et d’un brayet (culotte courte). Ils portent également un gilet de laine ou de fourrure ainsi qu’un bonnet de castor. Les journées sont longues et durent jusqu’à 18 heures. Ils n’arrêtent que pour manger et dormir, parcourant jusqu’à 70 km par jour.
Le métier de coureur des bois était la façon la plus rapide de s’enrichir. Des pionniers abandonnaient le travail de la terre pour la course des bois. Un trafiquant sans foi ni loi pouvait se sauver avec la saison de chasse d’un indien, en échangeant quelques bouteilles d’eau de vie contre leurs peaux. Une couverture valait six peaux de castor; un capot valait trois peaux; deux haches, une peau; une barrique de blé d’Inde, six peaux.
Les frères Zimmerman établissent un magasin général aux abords de la rivière White Fish et multiplient les échanges avec les autochtones. Cependant, la construction du magasin de la Compagnie de la Baie d’Hudson entraîne la migration des Amérindiens vers La Sarre. Ces derniers peuvent y faire des échanges. Ainsi, les autochtones sont devenus dépendants des postes de traite de leur secteur.
Le mot coureur des bois a été remplacé par voyageur et aujourd’hui on le désigne par chasseur, trappeur. Il n’a plus le sens péjoratif d’antan, puisqu’il est devenu un héros légendaire.
Source : Le commerce de la fourrure et Compagnie de la Baie d’Hudson
Récits Jalons Historiques
L’Abitibi centenaire 1898-1998 (page 17 et 59)
L’Abitibi d’autrefois d’hier et d’aujourd’hui (page 38 et 276)