Charles-Alfred, né en 1848, est le 6e de 16 enfants d’une famille d’agriculteurs de St-André-de-Kamouraska. Après ses études primaires, il est pensionnaire au collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière avant de se diriger vers le noviciat des Oblats-de-Marie-Immaculée à Lachine, car il se destine à la prêtrise et veut devenir missionnaire et colonisateur. 

Entre 1878 et 1881, il est professeur d’art au Collège d’Ottawa et déjà il est qualifié par ses supérieurs de personne fière, entêtée, indisciplinée et se sentant persécutée par ses supérieurs. 

A l’été 1880, il entreprend son premier voyage dans la région du lac Témiscamingue. Après son ordination en 1882, il est assigné à la mission St-Claude et doit desservir toute la région autour du lac et jusqu’à la Baie James. Il travaille avec le frère Moffet à l’établissement d’une ferme modèle dans la Baie Kelly (actuelle Ville-Marie). Ses nombreux voyages autour du lac Témiscamingue l’ont convaincu du potentiel agricole de la région et il travaille dès 1883 à convaincre ses supérieurs qu’il est possible d’y créer une quarantaine de paroisses. Le missionnaire veut surtout rapatrier les canadiens-français qui vivent aux États-Unis afin de protéger leur langue et leur religion.

En 1884, il est muté à Montcerf près de Maniwaki et il permet aux colons de couper du bois, ce qui crée des conflits avec la Gilmour Brothers. L’affaire se poursuit devant les tribunaux. Il porte sa cause jusqu’au conseil privé de la reine à Londres, qui lui donne raison contre la puissante compagnie forestière. Ce combat acharné contre le capitalisme n’est pas sans causer des préjudices aux Oblats. Ses supérieurs lui demandent de cesser cette lutte et devant son refus, ces derniers décident de l’expulser de leur ordre. Il entreprend alors un nouveau combat jusqu’à Rome pour conserver son titre de prêtre et il a gain de cause.

A la fin des années 1880, il consacre ses énergies à coloniser la région entre North Bay et Temagami en Ontario.

Tous ses conflits avec les grands marchands de bois et les Oblats l’amènent à côtoyer de nombreux politiciens, avocats et journalistes et jamais il ne cède ni ne perd son enthousiasme et sa fougue face à la colonisation et à l’évangélisation.

L’homme est aussi un artiste de talent et au cours de ses nombreux voyages en canot, il apporte toujours dans ses bagages ses cahiers à dessin. Plusieurs de ses dessins seront transformés en aquarelles. On retrouve beaucoup de ses œuvres dans les archives nationales de Québec et d’Ottawa.

   

En 1926, il prend sa retraite et déménage chez les Clercs de Sainte-Croix à Montréal, où il décède le 10 mai de cette même année. Il est inhumé dans la crypte de la basilique de Montréal.

L’historien Bruce Hodgins qualifie le père Charles-Alfred Paradis de prêtre querelleur, d’artiste, de prospecteur et de linguiste, mais on peut aussi dire qu’il est surtout et avant tout un homme à la foi inébranlable et un colonisateur infatigable.

N.D.L.R. Les Presses de l’Université Laval viennent de publier un ouvrage relatant la vie et les nombreuses réalisations du père Paradis, qui a pour titre Le père Paradis, missionnaire colonisateur.

Le père Paradis, missionnaire colonisateur.  ISBN 9782763720074


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