Né en 1920 en Lettonie, Laimon Mitris immigre au Canada en 1948. Il travaille à la mine, puis à la station de télévision Radio-Nord comme graphiste publicitaire et concepteur de décor. L’artiste avait profité d’une formation artistique à l’université de Riga, qui fut interrompue par la Seconde guerre mondiale. La télévision, passant du noir & blanc à la couleur, l’aura conduit à créer des hauts-reliefs aux accents psychédéliques qui seront sa marque la plus originale.
Cet été, le Centre d’exposition de Rouyn-Noranda a réuni, suite à un appel aux collectionneurs, une quarantaine d’œuvres de Mitris couvrant cinq décennies. On décèle deux tendances dans son œuvre. La première aborde le paysage de manière classique, n’eut été de petits cercles à l’encre rehaussant les scènes, évoquées à l’aide d’un acrylique évanescent. Les ronds d’encre disparaîtront au profit d’une profondeur de champ, habilement obtenue par une lumière crue.
L’autre production se construit autour du haut-relief. Des vues aériennes, voire cosmiques, affichent des formes géométriques aux couleurs vives et contrastées. Des empilades de morceaux de masonite aux couleurs saturées s’accompagnent de maries-louises de sable teintes à l’acrylique et de cadres artisanaux. L’artiste y investit à fond le potentiel des reliefs.
En 1969, l’Homme marche sur la lune. La diffusion à la télévision de cet événement marque intensément les esprits : le monde n’est plus une ligne d’arbres (ou de cheminées de fonderie) à l’horizon : il est tridimensionnel. Et technologique. À la même époque, la télévision passe à la couleur. Dans l’œuvre de Mitris, ces événements se traduisent par une explosion de textures, couleurs et formes.
En art, les cadres sautent. En politique, le Front de libération du Québec fait sauter les boîtes à malle. Issu de l’immigration, Laimon Mitris a adopté l’anglais, comme la plupart de ses congénères. Sa carrière d’artiste se construira sur l’axe torontois. Il décède en 2009 à Rouyn-Noranda.