Un livre significatif d’Yvon H. Couture vient de paraître aux Éditions Hyperborée : La légende du Grand Lièvre. L’écriture est belle et simple, le récit, intelligent. Le Grand Lièvre, représenté de façon originale sur la couverture du livre, se laisse facilement apprivoiser à mesure qu’on tourne les pages. Le rendu de ses aventures fait qu’on conçoit aisément qu’il puisse être à la racine d’une tradition collée de près à la nature.
Les récits de cette légende traitent des grandes questions existentielles et expliquent plusieurs concepts non moins importants, avec une simplicité désarmante. En même temps, le propos est tout sauf léger. La légende du Grand Lièvre intéressera les adultes qui se sont fait conter des histoires de dodo quand ils étaient petits; aussi, ceux qui auraient voulu s’en faire conter pour meubler leurs rêves. Un peu plus encore : l’histoire fascinera quiconque s’intéresse à la nature, à la culture amérindienne.
Chez les Anishinabek, une tradition orale situait, et situe encore de nos jours dans une moindre part, l’autochtone par rapport à la nature, oriente sa spiritualité. Cette tradition inhérente à la culture du peuple s’appelle Atisokan. Les aventures de La légende du Grand Lièvre sont le fruit d’un large recensement d’oralités. Leurs traductions et adaptations permettent, en bout de ligne, le rayonnement d’une facette bien particulière de l’imaginaire amérindien.
Pourquoi le retour des saisons sur terre? Pourquoi les animaux portent-ils des « vêtements » de fourrure, de plumes? Pourquoi ont-ils des crocs, des pics, des griffes? Pourquoi les montagnes? Les îles sur les lacs? Parce que le Grand Lièvre, fils aîné du soleil et de la lune, n’a pas chômé au cours des siècles.
Aussi appelé Mizo, Michabous, Kitchabou selon l’origine du récit, il est grand autant qu’il veut ou petit quand ça lui plaît. Il peut vaincre le géant qui fait fumer les montagnes; en profite au passage pour fabriquer le premier calumet. Devant sa détermination et son adresse, l’orgueilleux manitou appelé Printemps-de-nacre n’a qu’à bien se tenir. Même en proie à quelques faiblesses humaines, Kitchabou combat le mal et les mauvaises forces du monde d’en bas… (étrange comme ça ressemble à l’enfer, ça!)
C’est Kitchabou qui a mis fin au déluge, modelé le Nouveau Monde, réattribué leurs territoires aux animaux sauvés. C’est aussi lui qui les a gratifiés de leur nom. À bord de son grand canot de cristal, il a creusé le lit des rivières.
Kitchabou, le Grand Lièvre, est frère des vents des quatre directions. Il les commande. J’en passe des meilleures. Tellement rafraîchissant, rassurant, ce récit, dans un univers résolument techno! À lire absolument. Un incontournable. J’y ai largement trouvé mon compte.
Hyperborée… de l’extrême nord selon Larousse. Est-ce un hasard si le Grand Lièvre hante la forêt boréale?
Disponible dans les librairies de l’Abitibi ou directement auprès de l’auteur : yvonhcouture-maka@hotmail.ca