C’est à l’aube d’un matin de la mi-septembre 2013 que le soleil s’est levé sur Val-d’Or, révélant le délit dont avait été victime la statue de l’église Saint-Sauveur pendant la nuit. Amputée d’une partie de chacun de ses bras, privée de ses mains et la toge abîmée, l’icône patrimoniale offrait un bien triste spectacle ce jour-là.
Quelques mois plus tard, la fabrique de l’église consultait le sculpteur Paul Salois afin d’avoir son avis sur les possibilités d’avenir du monument vandalisé. L’artiste, après évaluation, a pris à charge la restauration de l’œuvre, « parce que c’est un symbole important, une partie de l’histoire de la ville », explique-t-il.
Nouvelles techniques
« Après la réfection, elle sera plus neuve que neuve », avait-il déclaré en acceptant de relever le défi. Et quiconque se retrouvera face à l’impressionnante statue ne pourra qu’admettre que l’artiste a gagné son pari haut la main. D’un blanc maintenant immaculé, le Saint-Sauveur a non seulement retrouvé tous ses morceaux, mais a également été affranchi de toutes brèches ou fissures que le temps et les intempéries avaient pu lui infliger.
Mais les apparences sont trompeuses; même si les bris ont miraculeusement disparu sous les mains du sculpteur, la tâche n’en fut pas si simple pour autant. Pour ce faire, M. Salois a dû expérimenter plusieurs combinaisons de matériaux afin de trouver l’amalgame idéal, tout en adaptant sa façon de travailler afin de reproduire avec délicatesse et minutie les détails d’origine de la statue.
Une fois bien nettoyée et réparée, cette dernière a d’ailleurs pu bénéficier d’un traitement d’encapsulage développé par l’artiste, processus qui lui permettra de traverser le temps dans une région où les monuments extérieurs ont la vie bien dure.
En tout, la réfection de l’œuvre aura pris de 2 à 3 semaines au créateur, qui y travaillait avec sa collaboratrice et conjointe Katharina Trüb.
Artiste autodidacte
Bien qu’il reconnaisse qu’une réfection d’œuvre soit peu stimulante au niveau de la créativité personnelle, il explique que l’essentiel de la démarche artistique et le plaisir qu’il y a pris se trouvent dans le défi d’explorer de nouveaux matériaux, de nouvelles techniques, dans le but de retrouver avec exactitude l’apparence initiale. À sa connaissance, très peu d’artistes sont spécialisés dans cette démarche pour laquelle il a d’ailleurs découvert une nouvelle passion.
La réussite du défi qu’il s’était fixé et l’acquisition de nouvelles aptitudes dans son art ne font que s’ajouter au parcours de l’homme qui, déjà, a tout appris de cette façon : en essayant perpétuellement, jusqu’à ce qu’il arrive au but qu’il s’était fixé.
Car tout ce qu’il sait, il l’a appris de lui-même, de cette façon. « Je suis toujours en recherche de démesure, de plus grands défis », admet-il. Il confie d’ailleurs que ses réalisations sont le résultat de plusieurs heures de travail en atelier, mais aussi de beaucoup de réflexion et de calculs. « J’aime trouver le point d’équilibre, là où tout semble impossible », ajoute-t-il.
Dévoilement
C’est en avril qu’aura lieu le dévoilement officiel de la statue restaurée et que les gens pourront admirer les résultats du travail effectué.
Quant à Paul Salois, d’autres projets l’attendent, et ce dernier aspire à répéter une expérience comme celle qu’il vient de vivre. « Les techniques que j’ai acquises sont assez avancées pour que je puisse les réutiliser à nouveau. J’espère que j’aurai l’occasion de travailler sur plusieurs autres réfections, que ce soit pour des églises ou des cimetières! » conclut-t-il.