Si vous suivez l’actualité musicale et que vous vous intéressez aux musiques un peu plus underground, peut-être avez-vous entendu parler de Dead Obies. Composé de cinq MC et d’un faiseur de beats, ce nouveau groupe de rap s’impose sur la scène hip hop québécoise depuis le lancement de son premier album Montréal $ud le 13 novembre dernier.
Le groupe propose le mariage d’une musique électronique très riche, dense, sombre, voire angoissante et de textes puissants et profonds. Ses chansons sont une chronique de la jeunesse désabusée du 21e siècle, une critique acerbe du mode de vie banlieusard d’où les membres sont eux-mêmes issus. Sans être à proprement parler un groupe engagé, le portrait de leur vécu qui est dressé nous force à nous poser des questions sur le monde dans lequel nous vivons.
Au cœur de leur musique s’apparentant à de la chanson à texte contemporaine et de leur démarche artistique se pose un langage métissé, un créole montréalais où l’on passe du français à l’anglais sans complexe. Comme une danse, les deux langues se mélangent pour extraire le maximum de ce qu’elles ont chacune à offrir et ça fonctionne admirablement bien. Tout en étant un choix purement artistique, leur mode d’expression pose un dur constat quant à l’état du français dans la métropole.
Montréal $ud est un album qui, comme son nom l’indique, prend ses racines et puise son inspiration dans la région montréalaise, mais pour l’anecdote, il a été partiellement écrit et enregistré au cours d’une retraite dans un chalet du lac Vaudray, en Abitibi, en août dernier. Leur musique, d’une grande qualité, plaît à la première écoute mais se laisse découvrir petit à petit. Ce premier opus est d’une grande richesse musicale et d’une maturité étonnante venant de jeunes hommes d’à peine vingt ans. Dead Obies fait une entrée fracassante sur la scène hip hop québécoise et est en voie de devenir un groupe incontournable de la musique underground d’ici. 4/5