Ils étaient près de 200 élèves, le 2 octobre dernier, entassés à l’auditorium de l’école secondaire d’Iberville de Rouyn-Noranda pour assister, en matinée, à la première mise en lecture du livre Il pleuvait des oiseaux de Jocelyne Saucier. Comme deux boxeurs prêts à entrer sur le ring, Isabelle Rivest et Alexandre Castonguay attendaient nerveusement à l’idée d’affronter un public de jeunes. Louis Dallaire (directeur général du réseau Biblio Abitibi-Témiscamingue Nord-du-Québec), en bon coach, leur avait livré ses conseils : «Arrêtez tout et expliquez votre démarche si jamais les étudiants se montrent indisciplinés». Conseils qui, finalement, s’avérèrent inutiles. «Lorsqu’Isabelle et Alexandre sont montés sur scène, on aurait entendu une mouche voler», d’indiquer Louis Dallaire, heureux de la performance de ses comédiens qui ont eut droit à une ovation debout lors des deux représentations. La glace était cassée.
Lors de la première mise en lecture grand public présentée ce même jour en soirée à Cléricy, où demeure la romancière, l’atmosphère était semblable. Pas un bruit. Un public composé d’une cinquantaine de personnes, attentives, subjuguées. Une mise en scène efficace dans un décor minimaliste. Des images montées sur des cubes que les comédiens tournent à tout moment dans un ballet précis comme un cube Rubik géant pour donner un fond de scène différent à certains moments. Des éléments simples, déplacés de temps à autre, pour simuler des changements de lieux. On est ébahi et on boit littéralement les paroles rendues sur un ton juste et avec un dosage parfait d’expression.
Présente, Jocelyne Saucier, qui voyait la prestation dans son ensemble pour une première fois, a visiblement apprécié le résultat. Ceux qui avaient lu le roman étaient unanimes : jamais on n’aurait pu mieux rendre justice à l’œuvre de madame Saucier!
L’auteur, Fernand Bellehumeur, qui était sur place lui aussi et dont le roman Le vieux qui pissait partout! a fait l’objet d’une mise en lecture l’an dernier, était particulièrement impressionné. «Le roman de Jocelyne était bien plus difficile que le mien. Il y avait plus de personnages à interpréter que dans Le Vieux qui pissait partout! Je me demandais vraiment comment ils allaient y arriver mais c’était vraiment bien fait».
Au moment d’écrire ces lignes, les représentations (on en comptait 36) avaient toujours cours à la grandeur de la région. Isabelle Rivest et Alexandre Castonguay peuvent cependant se rassurer. Ils ont d’ores et déjà rempli leur mission avec brio!