Récemment, nos élus municipaux ont rendu hommage à deux artisans de la vie culturelle à Rouyn-Noranda en donnant le nom de Guy Carle à l’édifice qui abrite la Bibliothèque municipale et le nouveau Centre d’exposition et en commandant une œuvre d’art à la mémoire de Guy Lemire. Ces deux hommes, il est vrai, ont contribué à la réalisation de projets importants pour le développement culturel de la ville et nous sommes d’accord pour qu’on leur rende ces hommages bien mérités.


Cependant, il semble que dans tout cela, on soit porté à oublier le nom de Louise Boudreault, cette femme dynamique qui est à l’origine de la concrétisation du projet du nouveau Centre d’exposition. Certes, il importe de souligner la contribution de Guy Carle, l’initiateur de ce projet, mais il n’en demeure pas moins que c’est Louise Boudreault qui a travaillé contre vents et marées pendant des années pour que ce Centre voie le jour dans un endroit qui respecte les normes muséales.


Louise Boudreault a occupé le poste de directrice du CERN pendant 18 ans. Dès son arrivée à Rouyn-Noranda, en 1992, elle s’est consacrée corps et âme au Centre d’exposition. Sa formation en muséologie lui a permis d’insuffler une vision et une ambition à ce Centre d’exposition dont nous bénéficions tous aujourd’hui. Elle a invité à Rouyn-Noranda de grands noms de la peinture internationale, tout en donnant aux artistes d’ici un espace où mettre leurs œuvres en valeur.


Sa rigueur et son professionnalisme lui ont permis d’organiser un événement qui n’a pas eu son pareil au Québec : l’événement PASSART. En effet, pour le passage de l’an 2000, elle a organisé une exposition de 2000 œuvres d’art d’artistes contemporains, présentées en divers endroits de la ville de Rouyn-Noranda qui pouvaient accueillir peintures, sculptures, installations et performances.
Son ouverture d’esprit et sa grande culture l’ont amenée à collaborer avec des compagnies de théâtre qui sont venues présenter des spectacles, des mises en lecture et des performances. Entièrement dévouée à son métier, elle n’hésitait pas à prendre le rouleau de peinture et à préparer elle-même, tel un peintre en bâtiment, les cimaises qui allaient accueillir les œuvres de différents peintres.


Elle a fait partie du conseil d’administration du Conseil de la Culture. Ses interventions étaient toujours pertinentes, mettant de l’avant une vision d’exigence et de rigueur, et ce malgré le fait qu’elle ne faisait pas toujours l’unanimité autour d’elle.


Pendant des années, elle a défendu l’idée d’un centre d’exposition indépendant, situé hors des murs du Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue, qui l’a accueilli pendant tant d’années. Ce centre d’exposition, qui a vu le jour sous la présidence de Guy Lemire, était peut-être la vision de Guy Carle, mais celle qui s’est battue bec et ongles, celle qui a préparé les dossiers, celle qui l’a mis au monde, c’est bien Louise Boudreault.


Elle a eu l’élégance et la générosité de partir lorsque la subvention est arrivée et qu’elle a eu l’assurance que le Centre aurait enfin pignon sur rue à Rouyn-Noranda.


« Et tu t’en vas comme ça, lui a demandé une amie. Tu n’attends pas l’inauguration de ce Centre d’exposition pour lequel tu t’es battue? »


« C’est chose faite maintenant, a-t-elle répondu, je vais laisser ma place à d’autres. »


À quand un hommage à cette grande femme? À quand l’une des salles de l’édifice Guy Carle ou du CERN à son nom? La devise du Québec est «  Je me souviens  ». Parfois nous nous demandons de quoi nous nous souvenons. 

Les Signataires : Gaëtan Beauchamp, Fernand Bellehumeur, Jean-Guy Côté,
Sonia Cotten, Jean-Charles Coutu, Louise Desjardins, Jeanne-Mance Delisle,
Suzanne Dugré, Simone Goulet, Michel Lessard, Ginette Mathon, José Mediavilla, Suzanne Ménard, Virginia Pésémapéo-Bordeleau, Nadine Rossewy,
Marta Saenz de la Calzada, Jocelyne Saucier