Passionnée et sensible, Jorane chantait d’abord dans une langue inventée, avant d’employer le français et l’anglais pour ses compositions. Elle a aussi contribué à des trames sonores de films dont Un dimanche à Kigali et fait maintenant une carrière internationale. Cet album, une coréalisation d’Éloi Painchaud, d’Alex McMahon et de Jorane, rend hommage à des chansons de qualité, reprises avec créativité. Le titre est le nom d’une chanson, mais aussi le thème de l’album : la femme sous toutes ses formes, ordinaire et extraordinaire. Anne Sylvestre, Richard Desjardins et Leonard Cohen figurent parmi les auteurs interprétés. Par le violoncelle, sa marque de commerce, Jorane nous livre des mélodies classiques, servies aussi par le piano, la harpe et le glockenspiel. L’instrumentation s’efface afin que les riches paroles soient au premier plan. C’est à la fois l’intérêt et le défaut de cette œuvre : on découvre ou redécouvre avec joie des textes poétiques forts, mais on s’ennuie des envolées instrumentales dont on sait la musicienne capable. Le baiser (Indochine) et Pendant que les champs brûlent (Niagara) sont les pièces les plus enjouées de cet album au rythme lent. Marilyn et John (Vanessa Paradis) est très élégante, Une sorcière comme les autres (Anne Sylvestre) frappe fort et Départ (Gilles Vigneault) est la pièce la plus proche du style auquel elle nous a habitué. L’expérimentation faisant partie intégrante de sa démarche, il est clair que Jorane a plus d’un tour dans sa marmite.

3/5


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