Les premiers ponts couverts, qui datent des XIe et XIIe siècles, furent construits en Asie et en Europe, en Suisse principalement. Mais pourquoi couvrir les ponts d’une telle toiture ? Les nostalgiques apprendront peut-être avec regret que ce n’était pas pour protéger les passants, mais bien pour protéger la structure elle-même.
Voyant que les éléments en bois de la structure se détérioraient rapidement sous l’effet de la pluie, du vent et du soleil, on suggéra de couvrir les ponts d’une toiture semblable à celle des granges ou des bâtiments de l’époque. La plupart des ponts de bois de ce type furent par la suite construits avec un toit. En effet, un pont de bois qui n’est pas traité contre la pourriture ou qui n’est pas couvert a rarement une durée de vie supérieure à 15 ans. Il peut cependant durer plusieurs décennies si on a pris la précaution de le couvrir. C’est pourquoi on trouve encore aujourd’hui plusieurs ponts de ce type qui datent du siècle dernier.
C’est en 1958 que le ministère de la Colonisation du Québec construisit, en Abitibi, le dernier pont couvert. Appelés parfois « ponts rouges », « ponts de crise » ou « ponts de la colonisation », à cause de leur couleur rouge sang et parce que plusieurs furent bâtis au milieu du siècle et pendant la crise, les ponts couverts furent longtemps considérés comme les meilleurs ouvrages construits en milieu rural pour franchir les cours d’eau. Relativement économiques et faciles à construire avec les matériaux locaux, ils décoraient agréablement les paysages de nos campagnes. Aujourd’hui, on ne construit plus de ponts couverts sur le réseau routier québécois et on entretient très peu ceux qui sont encore debout. Malheureusement, ces monuments disparaissent de notre paysage et c’est vraiment dommage.
En 2010, deux ponts furent fermés à la circulation : le pont du Petit-Quatre à Clermont en février; puis, en septembre, le pont des Souvenirs, enjambant la rivière Turgeon, situé sur le chemin des 2e et 3e rangs, dans la localité de Beaucanton. Ce pont est fermé à la circulation, et ce, pour une période indéterminée, mais des travaux y sont prévus. Espérons que ces deux ponts pourront continuer à servir la population encore longtemps, car ce serait dommage de les voir disparaître de notre paysage abitibien. De plus, ils rendent encore bien des services à la population locale, lui évitant de longs détours inutiles.
Février 2011