L’écoute de Jérôme Minière est comme une méditation. On part d’un thème et une réflexion s’amorce sur la vie, les perceptions, la société de consommation ou encore la mince frontière entre réalité et fiction, comme le dit le titre de l’album. Le style est populaire, rappelant les arrangements de Dumas, avec des textes recherchés et poétiques, susurrés par ce Québécois adoptif au doux accent français. Notons que Bïa prête sa voix à la jolie chanson Avril. On retiendra L’indifférence, l’accrocheuse Le vrai le faux et Les autres (à propos du racisme) comme des moments forts de cet album. Rien à vous dire, quant à elle, aborde l’idée que malgré tous les efforts pour atteindre le vedettariat, si les artistes n’ont pas de contenu, leur produit demeure insipide. Cela s’inscrit dans l’esprit de dérision et de critique sociale de l’auteur. Bien que celui-ci ne manque pas de sujets pertinents, sa musique semble plus léchée et, parfois, cela lui enlève un peu de charme par rapport aux albums Cœurs et Herri Kopter, qui avaient une audace particulière. Il est impératif d’avoir les paroles en main pour apprécier cet album, car c’est dans la poésie que le génie de Minière s’illustre tout particulièrement. Au final, questionnements, observations et dérision se combinent afin de guider notre réflexion sur le vrai et le faux dans ce bas monde. On peut regarder une fausse saga entourant la sortie de l’album au www.jeromeminiere.ca, sous forme de dessins animés qui explorent le thème de la recette du succès musical.

3/5


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